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9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 23:47

           

 La vie du Christ, sa façon de connaître le Père et de vivre totalement en relation avec Lui, ouvre un nouvel espace à l’expérience humaine et nous pouvons y entrer[1]. C’est par cette merveilleuse citation extraite du § 18 de Lumen fidei, que nous entamons cette présentation. En effet, ce nouvel espace dont parle François n’est rien d’autre que la sphère chrétienne au cœur de laquelle l’homme exprime la fiabilité totale de son amour pour Dieu, le « oui » définitif de son alliance avec lui ainsi que son « amen » irrévocable au Dieu unique, vivant et vrai. Mais la vie de foi dans la radicalité de son expression intègre toujours l’instant martyrologique par lequel  le chrétien expérimente le sens salvifique de ses choix pour Dieu et la portée de ses croix quotidiennes. Dans le martyre de Polycarpe, nous lisons ce fabuleux dialogue entre l’évêque de Smyrne et son bourreau : le proconsul le pressait en disant : «jure, et je te laisse aller, maudis le Christ » ; Polycarpe répondit : « il y a 86ans que je le sers, et il ne m’a fait aucun mal ; comment pourrais-je blasphémer mon Roi qui m’a sauvé ? »   C’est exactement ce à quoi nous assisterons demain dans la 1ère lecture à travers les martyrs d’Israël. Pour eux en effet, « il faut mieux mourir par la main des hommes quand on attend la Résurrection promise par Dieu ». Quant aux deux autres textes, ils s’inscriront aussi dans la même trajectoire : la persévérance dans la fidélité au Seigneur d’après la 2è lecture et la ferme conviction que Yahvé est le Dieu des vivants selon l’Evangile de Luc. Celui qui obéit à sa foi, obéit à Dieu et rien ne l’éloigne de Dieu ; ni la liesse qui emplit sa vie, ni les événements douloureux qui la parcourent. C’est ce à quoi saint Augustin invite chacun de nous dans De Continentia  en ces termes: « Ab eo qui fecit te noli deficere nec ad te– De celui qui t’a fait ne t’éloigne pas, même pour aller vers toi ».  Ce qui est impressionnant et qu’il faut déjà souligner, c’est l’habileté liturgique de l’Eglise à nous préparer, à travers les textes de cette semaine, à passer au temps de l’Avent qu’annoncent déjà les différents psaumes responsoriaux. Par ailleurs, cette 32è semaine sera marquée par la lecture ininterrompue du livre de la Sagesse et de l’Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc. Dès lors, les lectures du lundi planteront le décor d’une semaine qui mettra l’accent sur la Vie : il s’agit ici d’une vie que la main du Christ touche, que sa voix rejoint, et que sa grâce soutient. Voilà pourquoi la première lecture déjà nous présentera le Seigneur comme le principe de vie, de justice et d’unité. Et c’est à ce Seigneur que les disciples adresseront dans l’Evangile cette prière : « augmente en nous la foi ». La foi – écrit le Pape dans lumen fidei- regarde non seulement vers Jésus, mais regarde du point de vue de Jésus, avec ses yeux : elle est une participation à sa façon de voir[2]. Cette participation à la vie même de Jésus manifeste hardiment la fidélité de l’homme à Dieu ; une fidélité que Dieu récompense – dans la lecture du mardi- par le don de l’immortalité, rappelant à l’homme qu’il est créé pour une existence impérissable ; qu’il est un être-pour-la-vie ; un être-pour-l’éternité. Mais une telle faveur divine ne doit en aucun cas nous couvrir d’orgueil et nous faire réclamer une quelconque récompense après un service rendu à Dieu et aux hommes comme l’indique l’Evangile du jour. « Quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir ». Et c’est exactement cet esprit d’humilité qui fait défaut aux gouvernants de la terre. C’est pourquoi le lendemain mercredi, le prophète dans la lecture leur lancera ces vives interpellations: « Ecoutez et comprenez ô Roi, instruisez-vous souverains de la terre… recherchez les paroles du Seigneur, désirez-les ; elles feront votre éducation ». N’est-ce pas là un appel à repartir de Dieu, à obéir à sa parole afin de s’orienter dans la direction de la vie ? L’épisode de la guérison des 10 lépreux que nous écouterons le même jour en dira long. Des 10, un seul est revenu sur ses pas rendre grâce à Dieu ; et c’est à lui seul que Jésus dit ceci : « Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé ». Il venait de recevoir ainsi l’abondance du salut, la surabondance de la guérison et la plénitude de la vie eschatologique ; tout ceci pour avoir dit merci. Au § 26 de sa dernière lettre apostolique, Mane Nobiscum Domine, le Pape Jean-Paul II, de vénérée mémoire, écrivait ces mots : « celui qui apprend à dire merci (…) pourra être un martyr, mais il ne sera jamais un bourreau ».  Et c’est ce sens de gratitude qui – dans la lecture du Jeudi- permet à l’homme de louer son créateur à travers l’éloge de la sagesse qui gouverne l’univers avec douceur. C’est au nom de cette même sagesse que Jésus, dans l’Evangile, situe le règne de Dieu en disant : « il n’est ni ici ni ailleurs ; il est au milieu de vous ». Nous sommes donc en face du mystère de l’Emmanuel ; le mystère de Dieu parmi les hommes ; un mystère de Dieu qui éclaire le mystère de l’homme et de toute la création. Nous comprenons alors –comme l’indiquera la lecture du vendredi (Sg 13,1-9)- que le Créateur lui-même est l’auteur de la beauté de la création et des merveilles du monde. Dans son commentaire de ce passage, le saint évêque d’Hippone écrivait ceci : « Interroge la beauté de la terre, interroge la beauté de la mer, interroge la beauté de l’air qui se dilate et se diffuse, interroge la beauté du ciel (…) interroge toutes ces réalités. Toutes te répondent : Vois, nous sommes belles. Leur beauté -poursuit Augustin- est une profession. Ces beautés sujettes au changement, qui les a faites sinon le Beau par excellence, non sujet au changement ?[3] » N’est-ce pas à cette constance de vie que nous invitera l’Evangile du Vendredi qui donne une vue anticipée de ce que sera le jour du Seigneur? « Ce jour-là, dit le Seigneur, celui qui sera sur sa terrasse, et qui aura ses affaires dans sa maison, qu’il ne descende pas pour les emporter ; et de même celui qui sera dans son champs, qu’il ne retourne pas en arrière ». C’est cette tension irréversible vers le but de notre histoire et la finalité de notre existence qui donne  à tout le créé la certitude de la victoire selon la lecture du samedi : l’univers est restauré, la vie recommencée par la parole de Dieu. Une parole plus tranchante que l’épée et plus poignante que le glaive ; une parole qui jauge, qui interroge et que le Christ, dans l’Evangile du jour, lancera à chaque conscience en ces termes : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera t-il la foi sur terre ? »

Sur ces mots, le groupe 2, par ma voix, achève cette présentation en invitant chacun à parcourir les horizons de cette semaine marquée par ce thème: CROIS. Crois en priant, crois en travaillant et même dans tes heures douloureuses, crois seulement car « c’est en croyant qu’on se fortifie[4] ». Voilà pourquoi nous compterons beaucoup sur la médiation de S. Martin de Tours évêque, de S. Josaphat évêque et martyr, de S. Albert le Grand évêque et docteur de l’Eglise et de sainte Gertrude, vierge, dont nous ferons respectivement mémoire le lundi, le mardi, le vendredi et le samedi. Le mercredi, messe le matin en raison du match ; et le soir, méditation des mystères glorieux en groupe liturgique et récitation des litanies de la Vierge Marie ensemble à la fin.  Quant au jeudi 14 novembre, nous fêterons le matin, la naissance de Jean Eudes ; et le soir, nous accompagnerons tous le saint Sacrement à l’aller comme au retour.  

Crois, car la foi rend le chrétien participant de la marche de l’Eglise,  pèlerin dans l’histoire vers son accomplissement. Elle le transforme et devient pour lui, lumière pour ses yeux[5].

Très bonne semaine à chacun et à tous.



[1] Cf. Lumen fidei, n.18.

[2] Ibidem.

[3] Sermon 241,2.

[4] S. Augustin, De utilitate credendi, 1,2.

[5] Cf. François, op., cit., n.22.

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commentaires

U
Merci Cher Spérauld pour ta présentation combien riche. Au Père Mahoussi je dis merci de nous avoir fait voir la grande similitude entre les deux pensées. Très souvent, les Saints ont un effet de<br /> la Grâce qui leur fait dire des vérités que les théologiens découvrent plus tard avec la raison. Pour ce qui est de la foi, Saint Jean Eudes nous dit que c'est un fondement de la vie chrétienne. Ce<br /> qui veut dire que pour être vraiment chrétien, il nous faut la foi, une foi inébranlable comme un rocher. Elle reste un don de Dieu, il faut le lui demander.
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M
Merci Spérauld pour cette belle présentation. Je voudrais partager avec vous que ce dit le pape au N°2 de Lumen Fidae: "La foi – regarde non seulement vers Jésus, mais regarde du point de vue de<br /> Jésus, avec ses yeux : elle est une participation à sa façon de voir", notre saint fondateur l'a dit si bien des siècles avant: "La lumière de la foi ... nous fait voir les choses comme Dieu les<br /> voit, c'est-à-dire en leur vérité et telles qu'elles sont aux yeux de Dieu". (OCI, p.168; Lectionnaire eudiste p.34)<br /> Ce que les saints peuvent appréhender les choses avec justesse! Je trouve que c'est un appel à beaucoup lire notre fondateur. Qu'en dites-vous?<br /> Bonne semaine de cours à vous tous! Union de prière.
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