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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 19:04

un-dimanche-a-Chapoulie    L’HERMENEUTIQUE[1] DE L’AMITIE DE JESUS CHRIST


Quand il se fait crépuscule sur la vie de Jésus, il laisse à ses disciples une phrase si simple mais dense de compréhension qui nécessite une herméneutique pour dévoiler le sens réel qu’elle voile. La phrase est : « Je ne vous appelle plus mes serviteurs(…) mais mes amis » Jn.15, 15. Nous sommes tentés de nous demander pourquoi se montre-t-il ami avec ses disciples, quelle signification particulière revêt cette amitié ? Voilà les sentiers qui vont conduire notre marche.

Chercher la définition de l’amitié, c’est aller découvrir et nous limiter à des concepts qui, nous renvoient tous à une relation d’un homme à un autre sans toutefois découvrir tout ce que comporte cette notion d’amitié. Pour ce faire, il me paraît judicieux de remonter dans le temps pour me ressourcer auprès des «  anciens » et m’inspirer sur la signification profonde de l’amitié. Ce n’est pas par hasard que je pose « mon tabouret »aux pieds d’Aristote pour l’écouter religieusement.

En effet, chez les grecs, l’amitié est très importante. L’ami est mon miroir, un autre moi-même. Il est celui qui partage avec moi les grands moments de l’existence. A cet effet, les Grecs avaient inventé l’eros puis par évolution la philia et après l’agapè. L’eros est lié au plaisir charnel (beaucoup plus désordonné) ; la philia (la vraie amitié), c’est l’homme qui rencontre l’homme pour sympathiser ; et l’agapè qui est la célébration de l’amour parfait. Ces différentes notions tentent d’exprimer une relation intrinsèque entre deux personnes ou des liens interpersonnels qui peuvent sceller des hommes et des communautés d’hommes pour vivre un bonheur sur terre, car l’homme est frappé par la finitude ontologique, source de son insatisfaction et de tout son malheur.


humaineAinsi, le fait de vivre ensemble est une réalité indispensable, essentielle et irremplaçable qui s’impose à l‘homme. Ils (les Grecs) ont découvert que le bonheur de l’homme implique réellement un rapport avec autrui. C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre ce que dit Jésus Christ à ses disciples quand sa mort physique se fait imminente. Sa disparition empirique ne saurait être une absence dont souffriraient les disciples devenus amis. Même dans l’apparente absence Il est présent pour faire chemin avec eux, avec chacun comme celui qui est seul capable de procurer à l’homme le vrai bonheur. Ainsi, s’il est vrai selon Sophocle que l’ « ami est le bien le plus précieux », l’amitié de Jésus Christ se comprend comme « celui qui souhaite et donne de bonnes choses » à ses disciples non pas pour son propre bien mais pour le bien de l’autre[2]. Nous devons comprendre l’amitié de Jésus Christ comme « l’ami qui souhaite non seulement de souffrir les peines en même temps que son ami, mais aussi de partager ces mêmes peines »[3]. Combien plus Jésus n’a-t-il pas rassuré ses disciples qu’il demeure avec eux jusqu’à la fin des temps ! Il poursuit en soutenant que l’ami est l’être qui ne peut être séparé de moi sans que mon existence en pâtisse, c'est-à-dire sans que je ne cesse d’être existant ou de mener mon existence qui est ma raison d’être. L’amitié paraît dès lors comme la chose sans quoi la vie humaine est impossible. Et pour le chrétien, vivre c’est se lier de cette amitié avec le Christ. L’amitié passe ainsi  pour l’essentiel au bonheur de l’homme.

A cet effet la vie pour un être solitaire est lourde à porter. Il n’est pas aisé à soi-même d’exercer une activité continuée tandis qu’en compagnie tout cela est aisé. L’amitié s’adresse à ceux qui tendent vers la vie commune et qui font l’expérience de la concorde réciproque. Ce qui veut dire qu’en amitié les hommes « se choisissent et se veulent semblables »[4]. L’amitié ne se satisfait pas par un simple lien d’homme. Elle est comme le fait remarquer le professeur Adopo, « fonction de la qualité de la présence assurée par l’autre qui m’offre la transparence de son intimité pour accéder à l’activité la plus haute de l’existence : la contemplation »[5]. Et Jésus Christ nous offre cette possibilité d’accéder par Lui à Dieu son Père.

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Nous retenons selon la conception grecque,  que l’amitié de Jésus Christ vient achever notre nature ; sa présence avec nous et en nous nous transforme et nous rend semblable à lui. En un mot, Il est l’autre de nous-mêmes que nous retrouvons en vue de notre pleine réalisation.

 

 

                                                                                                    Etusé Bernard ASSEDI, Théo 1



[1] Ce mot est ici employé pour désigner le sens ou l’interprétation.

[2] Aristote, Ethique à Eudème, VII,225.

[3] Ibid.

[4] Id., VII,230.

[5] Le Professeur Adopo est enseignant de philosophie de la relation chez Aristote à l’Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest, Unité Universitaire d'Abidjan ( UCAO-UUA).

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