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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 22:58

 

 LE DEFI  DE LA NOUVELLE EVANGELISATION.

 

Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur.[1]

Une telle donnée – qui constitue la réponse aux exigences de notre temps - nous arrache aux supputations creuses et viles sur une institution bimillénaire rigide aux principes surannés,  en perte d’identité et  de repères car se définissant dans un monde en perpétuelle mutation. Et que dire encore de tous ces autres qui estiment que « l’Eglise est très démunie du fait que sa manière de communiquer l’Evangile est habituellement pauvre et de piètre qualité, si bien qu’on a souvent l’impression qu’elle parle un langage que personne ne comprend, s’adresse à un public qui n’existe pas, apporte des réponses à des questions que personne ne se pose et propose des solutions que personne ne met en pratique. » [2] Et pourtant… Ecclesia semper reformanda (l’Eglise sans cesse s’interroge, se réajuste, se renouvelle et fait son aggiornamento). Nous n’avons pour preuve que le récent et frais parcours synodal sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi, terminé il y a trois jours.  Il était temps pour l’Eglise de repréciser sa position, son engagement et sa ferveur face l’épineuse problématique évangélisatrice de l’homme contemporain. En invitant tous et chacun à une revisite plus approfondie de Vatican II et du CEC (Catéchisme de l’Eglise Catholique) au cours de cette année de la foi, l’Eglise ambitionne de nous faire « redécouvrir les contenus de la foi professée, célébrée, vécue et priée »[3] et de « susciter en chaque croyant l’aspiration à confesser la foi en plénitude et avec une conviction renouvelée, avec confiance et espérance. »[4]  Il s’agit de se convaincre de «  l’urgence d’annoncer de façon nouvelle le Christ là où la lumière de la foi s’est affaiblie, là où le feu de Dieu est comme un feu de braises qui demande à être ravivé, pour qu’il soit la flamme vive qui donne lumière et chaleur à toute la maison. »[5]  Par voie de conséquence directe, il est d’une nécessité impérieuse d’affronter en douceur le regard désenchanté de l’humanité contemporaine afin de faire germer à nouveau la fraîcheur de l’Evangile qui promet, même à contre temps, un fruit neuf. C’est notre gloire autant que notre devoir de vaincre la peur par la foi, le découragement par l’espérance, l’indifférence par l’amour du Christ qui seul, façonne l’histoire en profondeur.

 L’enjeu missiologique est alors d’une évidence cartésienne : Marquer notre unique aujourd’hui  par la joie de croire à nouveau et abreuver le monde contemporain, assoiffé de Dieu, aux sources de l’amour gratuit de Dieu. C’est d’ailleurs pourquoi nous ne déconsidérons pas ici les « semences du Verbe » à l’œuvre dans les sillons de l’histoire humaine ; mais le sérieux de la question nous oblige à aller au-delà des clichés pour pouvoir l’appréhender dans sa nudité, afin de faire resplendir la vérité et la beauté de la foi dans l’aujourd’hui de notre temps. Une telle démarche paradigmatique nous situe dans l’ordre d’une expérience concrète avec le Christ sans pour autant sacrifier nos nobles convictions sur l’autel d’autres préférences  que pourraient nous dicter le monde avec son regard flou et dissonant des choses chrétiennes. Il nous faut impérativement redécouvrir la joie de l’expérience chrétienne ; retrouver l’amour d’antan qui s’est perdu (Ap 2,4) ; réitérer à Dieu notre pleine disposition à être au cœur du monde contemporain des signes de sa présence, les figures de sa proximité compatissante et rédemptrice bref lui assurer une résonnance et un écho plus universel. La nouvelle évangélisation, essentiellement christocentrique et non christomoniste, ne sera bien accueillie que si elle s’engage à transcender les premières formes d’évangélisation ; c'est-à-dire qu’elle doit se refuser d’être communication de doctrines pour devenir l’événement Jésus-Christ expérimenté, vécu, prié et enfin confessé comme les disciples d’Emmaüs (qui le  reconnurent à la fractio panis) et plus tard Thomas [6] . Pendant tout son pèlerinage sur les chemins de l’histoire, l’Eglise annoncera à chaque homme et à tous les hommes le mystère d’un Dieu qui par son Incarnation saisit l’humanité afin de lui donner la plénitude de son sens, son souffle, sa forme et son visage. Telle est la tâche essentielle de l’Eglise. Evangéliser est en effet la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser.[7] Et la mission, cette fois, ne concerne pas seulement une extension géographique, mais cherche à rejoindre les replis les plus cachés du cœur de nos contemporains, pour les porter à la rencontre avec Jésus, le Vivant qui se rend présent[8] même dans nos refus de Dieu. Ce qui est sûr, cette nouvelle évangélisation porte le sceau  d’un appel à arrêter le tsunami de la sécularisation et permettre au Christ de ré-imprégner toute existence humaine. « Caritas Christi urget nos » : C’est l’amour du Christ qui remplit nos cœurs et nous pousse à évangéliser ; à traduire en acte les propos salvifiques de Jésus et à donner à tous la joie de vivre, d’être aimé et de servir. Cet ultime témoignage qui constitue la première forme de mission[9] doit être entretenu et intensifié par tous si nous souhaitons un jour arrêter la roue sanglante de l’histoire. Voilà pourquoi l’Eglise ne doit jamais se lasser de se mettre en route - à la recherche des brebis déboussolées, dont la foi s’est émoussée- pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude.[10] Le défi majeur de la nouvelle évangélisation est donc de raviver et d’entretenir  la foi chancelante de l’homme contemporain aux prises avec des scénarios sociaux et culturels changeants.

Que ton amour Seigneur soit sur nous comme notre espoir est en toi.



[1] Gaudium et Spes, n.1.

[2] Emilio ALBERICH  avec la collaboration de Henri Derroitte et Jérôme Vallabaraj, Les fondamentaux de la catéchèse, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, p. 25.

[3] Porta fidei, n. 9

[4] ibidem

[5] Cf . homélie du Pape à l’ouverture de l’année de la foi.

[6]  Dans les deux cas, il s’agit d’une rencontre personnelle de laquelle résulte une foi solide , fruit d’une connaissance expérientielle.

[7] Paul VI, Evangelii nuntiandi, n. 14.

[8] Cf. Message final des évêques sur la nouvelle évangélisation.

[9] Cf. Benoît XVI, Ecclesia in Medio Oriente.

[10] Idem, Porta Fidei, n.2.

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