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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 09:48

Après une semaine de répit en famille, le Théologat eudiste à Yopougon reprend ses activités  non plus à la manière ordinaire mais avec une pose méditative et contemplative pour faire une relecture spirituelle de ce qu’a été l’année 2011-2012 pour les étudiants-théologiens de la première et deuxième année et les autres (troisième année)pour une retraite d’ordination diaconale à Abatta. Le thème qui va nourrir et innerver la méditation des étudiants de la première et deuxième année est un passage tiré de l’évangile selon saint Luc au chapitre 5 verset 4 : duc in altum, aller au large, passage par lequel Jésus a exhorté ses premiers disciples à avancer au large. En effet, à l’interpellation de Jésus, Pierre et ses compagnons vont faire confiance au Maître pour jeter à nouveau leur filet ce malgré les peines et les vains efforts de la nuit. Voilà ce qui servira de toile de fond de notre retraite pour réfléchir sur l’identité du prêtre d’une part et d’autre part entrevoir une nouvelle approche d’une pastorale basée sur l’identité véritable du Christ.

Dans son introduction le curé de la paroisse saint Mathias, le père DOSSO, prédicateur, a invité, pour mieux saisir la quintessence spirituelle du thème de la retraite, à mieux connaitre  Jésus et apprendre à l’aimer,  à donner un fondement nouveau à la charité pour rebâtir les communautés chrétiennes et enfin à encourager les mouvements et les groupes à la mission ad gentes. C’est sur cette note que le prédicateur a laissé les séminaristes rentrer dans la profonde sérénité de la nuit après avoir dit les complies.

Le lendemain matin à 9heures, le sous thème ayant occupé l’écoute religieuse des séminaristes est :

 

I-                   L’identité du prêtre.

 En effet, selon le père DOSSO, la dynamique de l’identité du prêtre est à situer entre son « esse » et son « exister ». Il a aussi rappelé que le prêtre est avant tout un appelé et un envoyé ; à cet effet, il apparaît, selon le prédicateur que grâce au sacerdoce ministériel, Dieu continue à exercer au milieu de son peuple sa sollicitude  perpétuelle car le sacerdoce rend tangible l’activité propre du Christ et prouve que Dieu n’a pas abandonné son Eglise. Aussi celle-ci considère-t-elle le sacerdoce comme un don de Dieu fait aux fidèles.

Le prédicateur a montré que la racine de ce sacrement se trouve dans l’imposition des mains et la prière consécratoire prononcée par l’évêque. Ainsi, par ce fait, le prêtre devient lui-même sacrement de la présence du Christ. Il a également montré l’identité du prêtre à travers la dynamique trinitaire du salut où il a souligne que le prêtre se trouve comme inséré avec la responsabilité particulière dans « l’association trinitaire ». Son identité provient du mysterium verbum et sacramentorum qui est relation avec le mystère de l’amour salvifique du Père (cf. Jn 17,6-9), dans l’être sacerdotal du Christ  (cf. Mc3, 15) et avec le don de l’Esprit (cf. Jn20, 21) qui communique aux prêtres la force d’éduquer, de sanctifier, de gouverner. En un quatrième point, il décrit cette identité par la dimension christologique ; parce que le prêtre est choisi, consacré et envoyé pour rendre efficace la mission éternelle du Christ (Lc10,16). Il agit in persona christi in capitis. Cette identité s’étend aussi à la dimension pneumatologique, où grâce à l’ordination le Saint Esprit confère aux prêtres le devoir prophétique d’annoncer et d’expliquer avec autorité la Parole de Dieu. Elle s’exprime pareillement sous la dimension ecclésiologique. Envoyé par le Christ, le prêtre appartient de manière immédiate à l’Eglise universelle et a la lourde mission d’annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Le prêtre doit pouvoir découvrir également cette identité dans la communion sacerdotale qui est en réalité la pleine insertion dans l’ordre presbytéral. En définitive, d’après le père DOSSO, la vie du prêtre doit être une communion-relation.

En conséquence, pour que cette identité susdite soit expressive, le prédicateur a souligné l’exigence du respect de certains principes auxquels le prêtre doit s’en tenir : premièrement faire une place de choix à  la Parole de Dieu tout comme le requiert  Dei Verbum n°21. Le prêtre devra trouver dans la Parole de Dieu la force pour sa foi et la nourriture pour sa vie spirituelle. En effet, d’après le prédicateur, si tout le monde ne peut pas parler avec conviction de la foi, le prêtre, lui doit montrer plus que tout autre homme le signe d’une foi vécue. En cela, l’Eglise demande aux prêtres un contact permanant avec la Parole de Dieu par la lectio et la prière. En ce sens, la vie de prière du prêtre doit être avant tout participation à la foi et à la prière de la communauté : prières d’adoration, de louange, d’action de grâce, d’intercession, piété mariale, célébration de la liturgie des heures, oraison mentale. C’est grâce à une vie de prière que le prêtre saura accueillir la croix comme dimension nécessaire à l’identité sacerdotale 1Co2, 4-5. Aussi, à cause du progrès de la science théologique, la nécessité de rendre intelligible ou compréhensible le message évangélique aux hommes de notre temps et de notre culture, et la nécessité de comprendre la société dans ses changements, le prêtre ne doit pas négliger  la vie intellectuelle. Car, selon le père DOSSO, sans la science le prêtre serait comme une lampe éteinte.

La vie communautaire constitue également un autre principe. Elle est fondée sur l’unité du presbyterium qui favorise le travail en esprit  d’équipe et prône la vie de la première communauté chrétienne. Ceci exige l’échange mutuel des informations utiles, organiser et vérifier ensemble les organisations pastorales, pratiquer la communauté de biens. Le curé de saint Mathias a fait remarqué qu’il faut aussi souvent passer ensemble des temps de détente et de loisirs. Le sommet de cette vie communautaire serait de se prêter assistance et s’encourager dans les situations difficiles.

L’obéissance sacerdotale apparaît comme une disponibilité intérieure pour faire non sa volonté mais la volonté de celui qui a envoyé. Pour ce faire, il faudra : l’obéissance à l’hiérarchie, la fidélité au magistère, l’acceptation des charges confiées, l’observance des exigences et normes liées à la fonction.

Le prédicateur a aussi relevé la pauvreté comme étant une vertu qui aide mieux à ressembler au Christ, lui qui n’a pas souffert de se dessaisir de sa divinité pour s’humilier afin de racheter le genre humain. Elle est une donation totale de soi et de son avoir pour la cause du règne de Dieu. Cependant, il a rappelé que malgré la pauvreté, l’Eglise garantie au prêtre l’assurance maladie, l’assurance vieillesse.  Ce conseil évangélique de pauvreté se trouve cumulé dans la chasteté car le prêtre a tout sacrifié même son droit de se marier.

Au soir de la journée, le père DOSSO a fait le bilan de la journée en revenant sur le thème de notre retraite « duc in altum ». Ce qui nous a permis d’analyser l’identité du prêtre entre l’appel et la mission à laquelle Dieu envoie. En effet, Lc 5,4 est à comprendre à la fois dans le cadre strict de l’Eglise mais aussi en dehors de l’Eglise, vers les nations païennes.  E prédicateur a fait découvrir qu’ici la symbolique du « large » représente l’Eglise et le « filet », la Bonne Nouvelle. Par ailleurs, il a souligné que la mission à laquelle le Christ convie l’Eglise et ses pasteurs est d’aller évangéliser le monde et y faire des baptisés. Cette urgence de la mission est perçue par les papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI comme le moyen efficace de faire connaître Jésus et le faire aimer par les autres hommes. Pour terminer, le prédicateur en est venu à poser une série de questions qui résume ce qui a été dit : Comment encourager à l’évangélisation aujourd’hui, comment découvrir le Christ à travers le prêtre?  Tout cela exige une nouvelle pastorale théologique. C’est sur cette évocation que le prédicateur laisse les séminaristes entrer dans la profonde quiétude de la nébulosité.

Le lendemain, mardi 19juin, le sous-thème qui a meublé l’atmosphère méditative et recueillant des retraitants  est :

 

                                         II-   L’identité du Christ.

En effet la question essentielle qui ressort du thème « duc in altum »selon le père est, qui est le Christ pour nous ? Cette question est la fine fleur qui a aidé les retraitants à entrer de plein pied dans la quête de la connaissance du Christ comme unique médiateur d’une nouvelle alliance. Le père DOSSO a exhorté que rien ne doit occulter, même ne fut-ce notre faiblesse, notre effort d’annoncer et de polariser le regard sur le Christ. Ceci a exigé la nécessité de l’effort de l’homme pour annoncer l’évangile. D’après le prédicateur, c’est le pape Paul VI qui le premier dans evangelii nuntiandi a fait la caricature du Christ comme le premier évangélisateur (Lc 4,43); il est envoyé par le Père pour annoncer le règne de Dieu. A sa suite nous sommes aussi appelés à annoncer ce règne, ceci également au prix d’un effort crucifiant. Le curé de saint Mathias a fait remarquer que la raison pour laquelle le Christ est venu dans notre monde n’est pas plus à cause du péché qu’à cause de l’annonce du règne de Dieu ; annonce qui débouche nécessairement au salut du genre humain. Selon le père prédicateur, la Parole ne nous force pas à faire ce qui est bien mais nous dispose à faire le bien. Ainsi exhorte-t-il que chacun doit pouvoir conquérir par la croix l’esprit des béatitudes, ce qui exige un renversement intérieur, une métanoia (Mt 4,17).

Le prédicateur a aussi exposé la vision des deux derniers papes sur l’identité du Christ. Ainsi selon Jean-Paul II, dans la dynamique de la nouvelle évangélisation, Novo Millenio Innuente, invite tout chrétien dans sa quête du Christ à demeurer en lui par la vie de prière afin d’établir une relation intime avec lui. Les moments d’échecs apparents constituent un autre foyer de révélation du Christ. Aussi le chrétien ne doit pas se décourager devant les labeurs inutiles. L’important est de faire ce qu’il a à faire et bien le faire. C’est dans un tel moment que le prêtre doit ouvrir son cœur au flot de la grâce et de permettre à la Parole du rédempteur d’agir en lui dans toute sa force.

Quant à ce qui concerne Benoît XVI, selon le père DOSSO, le pape recommande une évangélisation par les actions comme le Maître. Il renchérit son propos en ces termes « si vous voulez proclamez Jésus Christ, apprenez à le connaître vraiment, à l’aimer et à vivre de lui ». Selon lui, c’est à dessein que Benoît XVI prône l’année 2012, année de la foi en demandant aux Africains un véritable engagement missionnaire pour une Afrique renouvelée. Il s’agit en clair, d’après le prédicateur de poser des actions de justice, de paix, de solidarité et d’amour qui sont les marques d’appartenance au Christ. C’est dans cette intuition que le prédicateur se demande comment le Christ se présente aux Africains. Ce qui va ouvrir  le champ à une théologie pastorale.

 

                                                     1-Théologie pastorale

Il est à relever dans les propos du prédicateur que selon le père BEDE, la théologie africaine connaît trois déplacements majeurs :

-combat pour la scientificité de la théologie

-débat sur la visée missiologique de la théologie

-nouvelle évangélisation en Afrique

Pour ce faire, il urge d’après le curé de saint Mathias, qu’une attention pastorale soit nourrie envers les religions traditionnelles. Car le Christ lui-même est allé en Galilée, sur le territoire syro-Phénicie etc…Il est temps de risquer d’aller dans les religions traditionnelles pour leur apporter le Christ. C’est sur cette insinuation que le père DOSSO dans l’après-midi a évoqué certains éléments de la religion traditionnelle. Ainsi affirme-t-il que l’Africain croit en une divinité, en des êtres supra-humains (esprits, génies ou ancêtres). Il a relevé sans faux fuyant qu’il y a des valeurs positives dans la religion traditionnelle. On remarque qu’il y a, selon le prédicateur, un fort sens du sacré (sacralisation de la terre, profond respect des étapes d’initiation etc….). Le prédicateur a aussi relevé les aspects négatifs, parmi ceux-ci une mauvaise conception de Dieu, tentative de matérialiser en amulettes ce qui sauve et protège. Mais malgré tout cela il faut reconnaître que l’influence des religions traditionnelles demeure importante surtout dans les périodes de crises. C’est à juste titre que le christianisme va côtoyer la religion traditionnelle sans l’éradiquer. Elle garde sa sève et sa verdeur à cause de sa culture. L’inculturation est un moyen d’approche de ladite religion. L’Eglise utilise l’inculturation comme intime transformation des valeurs culturelles pour leur intégration dans le christianisme.

Ceci va conduire la réflexion du père DOSSO à chercher l’engagement du prêtre dans l’Afrique d’aujourd’hui.

 

               2-L’engagement du prêtre dans l’Afrique d’aujourd’hui


        a-Au service de la réconciliation, de la justice et de la paix

En effet, tout comme le premier chapitre de Africae Munus,, il s’agit d’une exhortation à se laisser réconcilier avec Dieu qui passe par le service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Selon le père, il faut retrouver dans l’Afrique d’aujourd’hui les vraies valeurs de la fraternité d’avant et comprendre davantage la notion de justice et de paix selon la religion traditionnelle. La justice selon nos traditions cadre avec l’idée d’équilibre naturelle qui appelle à la notion de paix. C’est en cela qu’un sacrifice est toujours à faire pour prohiber l’esprit de mal. Ce sacrifice trouve son essence dans l’Eucharistie.

 

                b- Place de l’Eucharistie dans le chemin de la justice et de la réconciliation

D’après le curé DOSSO, comme dans les rites traditionnels, les repas d’initiation sont un grand moyen de rassemblement des enfants dispersés. Aussi trouve-t-il que l’Eucharistie, loin d’être un sacrifice sanglant est un repas sacrificiel où la divinité réitère son amour incommensurable pour sa créature, gage de paix et d’amour ; quel bonheur pour le prêtre de participer chaque jour à cette rencontre amoureuse et dynamisant.

Le père prédicateur achève la retraite à midi en concluant que le prêtre est avant tout citoyen dans son pays. Il a un devoir de présence positive et dynamique dans à coopérer à la construction et à la vie bien ordonnée dans la vie terrestre selon l’esprit de l’évangile et conformément à la doctrine de l’Eglise. Il doit entraîner les fidèles à observer l’ordre social et les droits de l’Etat      ; Cependant il doit toujours agir en accord avec son évêque.

 

                                                                                              

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