Chers confrères,
Parents et amis,
Et vous diocésains de Porto-Novo,
Fils et filles bien-aimés de Dieu,
Au nom de la famille des Pères Eudistes, à laquelle appartient notre cher et regretté Père Mgr René-Marie, qui a rejoint la maison du Père éternel, le 17 dernier, je vous salue affectueusement et vous présente encore nos condoléances. Je voudrais, avant d’entrer pleinement dans cette méditation, exprimer à chacun de vous nos sincères remerciements. Merci d’être là de nouveau ce soir pour communier à la douleur de la famille Ehouzou, à la peine de tous et prier pour notre cher Père Evêque. Votre présence est un témoignage de proximité qui réconforte et soulage. Que le Seigneur lui-même assure nos cœurs dans sa paix.
De cœur avec nous dans cette célébration, je vous porte aussi les salutations et sentiments de notre Père Supérieur Général, Camilo Bernal, actuellement à Rome, qui garde toujours un vif et émouvant souvenir de sa rencontre avec Monseigneur, ici même dans cet évêché, en avril passé, et plus récemment à San Giovanni Rotondo, pendant sa maladie.
Chers amis, c’est avec émotion, grand respect et vénération que je me tiens près des précieux restes de celui que notre communauté pleure en ce moment. Pasteur plein de zèle apostolique et très attentif, d’une bonté de cœur et d’une simplicité exemplaires, soucieux du bien de l’homme et surtout de ses diocésains, le Peuple de Dieu qui lui a été confié, Mgr aura été pour beaucoup, pour ne pas dire pour tous ceux qui l’ont côtoyé en vérité et de façon sincère, un « bon compagnon » et j’en suis sûr, il le demeure aujourd’hui encore plus que jamais dans le cœur de plus d’un. Monseigneur René-Marie nous a montré, à sa manière, le visage du Christ qu’il a aimé et servi. De la Cathédrale de Cotonou à ce siège épiscopal de Porto-Novo, dont il a pris possession le 4 février 2007, passant par Abomey, je ne puis m’empêcher, devant sa dépouille mortelle, de me souvenir des multiples occasions de rencontre et d’échange connues avec lui et de saluer la mémoire de l’homme, du croyant et du serviteur, plein de douceur.
A l’aube de cette année 2012, Monseigneur partageait ceci avec nous, pour exprimer ses vœux de nouvel an : « C’est l’amour de la vérité… qui trace le chemin que toute justice humaine doit emprunter pour aboutir à la restauration des liens de fraternité dans ‘’la Famille humaine, communauté de paix’’, réconciliée avec Dieu par le Christ. » (Africae Munus n. 18). Il invitait ainsi ses frères et sœurs dans la foi et en humanité à se faire, à la suite du Christ, serviteurs et servantes de l’amour et de la vérité, profondément convaincu que ces valeurs restent le véritable bouclier de la justice et le socle inébranlable d’une existence heureuse, d’une communauté paisible, fut-elle ecclésiale.
Chers amis, Monseigneur s’en est allé, après une longue maladie, une très longue maladie de six ans marquée par des hauts et des bas, des moments d’espérance et des jours de crainte, d’angoisse. Son départ nous plonge dans l’amertume et la douleur, mais la foi qui nous anime et notre espérance en la résurrection de la chair que nous confessons nous font crier, avec l’auteur du livre de la Sagesse et le psalmiste, vers Dieu pour le supplier en sa faveur.
« La vie des justes est dans la main de Dieu. Aucun tourment n’a de prise sur eux… Quand ils nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu’ils étaient dans la paix. Aux yeux des hommes, ils subissaient un châtiment, mais par leur espérance, ils avaient déjà l’immortalité. Ce qu’ils ont eu à souffrir était peu de choses auprès du bonheur dont ils seront comblés. » (Sg 3, 1ss)
« Des profondeurs, je crie vers toi Seigneur, Seigneur, écoute mon appel, que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière. Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps. 129).
Oui, chers frères et sœurs, s’il est vrai qu’au nom des liens qui nous unissent à Monseigneur et selon la qualité des relations que nous avons tissées avec lui, chacun pourrait dire quelque chose de la vie de notre cher père évêque, je voudrais, dans la suite de cette méditation, partager avec vous ce qui me semble une caractéristique de sa personne de baptisé, de prêtre, de pasteur. Entre autres qualités de Monseigneur, je voudrais retenir la vertu de la miséricorde.
Le Seigneur, par la bouche de son prophète Jérémie (Jr 3, 15), à une époque bien tumultueuse de son histoire, rassure et réconforte son peuple souffrant et dispersé, en ces termes : « Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur ». Voilà ce qu’a été Mgr René-Marie. Pasteur selon le cœur de Dieu. Le mystère du cœur de Dieu dont nous pouvons explorer les qualités, nous situe dans la réalité pastorale et apostolique de celui que nous pleurons en ce moment. Le cœur de Dieu est un cœur rempli de miséricorde, et dans ce cœur miséricordieux, l’on peut aisément reconnaître et expérimenter la sollicitude et l’attention dont l’humanité bénéficie. Le cœur de Dieu rempli de miséricorde est donc un cœur attentif au bien des hommes et particulièrement des petits et des pauvres. Le cœur de Dieu rempli de miséricorde est aussi un cœur bon et généreux envers tous. Mais il convient de rappeler également que le cœur de Dieu rempli de miséricorde est un cœur qui saigne ; qui saigne de la haine, du refus de repentir et de conversion, de l’intolérance, de la division, du manque de charité et des maux du genre de son peuple. C’est un cœur qui souffre du refus de l’homme d’accueillir son amour gratuit.