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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 20:00

 

 

 

INTRODUCTION

            Ce soir nous avons la lourde charge de vous entretenir sur un thème particulier. Thème qui dit les premiers moments de la philosophie grecque. Il s’agit du « poème de Parménide à la lumière du Mythe de la caverne de Platon ». La rencontre de ce thème suscite en nous un certain nombre d’interrogations dont la recherche de solutions possibles a accouchée ce chez d’œuvre que nous allons vous présenter.  Il s’agit de :

-          Qu’entend-on par « le Poème de Parménide » ?

-          Quelle est le message fort du mythe de la caverne ?

-          Quelle dialectique peut-on poser entre «Le poème de Parménide et le mythe de la caverne ?

-          Comment peut-on passer de la richesse de leurs contenus à une praxis ?

Pour arriver à la fin que nous nous sommes fixés, nous avons réparti notre tâche en quatre parties. Nous sommes passés de la présentation du Poème de Parménide à une actualisation en passant par un regard sur le mythe de la caverne et une inter-évaluation du thème.

I-                   LE POÈME DE PARMÉNIDE

1-      PARMÉNIDE

Parler de Parménide nous demande de retourner sur ses traces historiques pour découvrir son espace de résonnance, c'est-à-dire la période dans laquelle il a évolué et quelle était la façon de penser de cette période de l’histoire.

Né vers -530 à Élée, Parménide est de l’école des éléates et sa pensée touche à la métaphysique et au langage. Il est l’auteur du poème De la nature et serait influencé par Xénophane de Colophon. À son tour, il a influencé Zénon d’Élée, Platon, Aristote, Plotin, Hegel, Heidegger, Jean Beaufret et Marcel Conche. Il est le fondateur de l’ontologie[1]. Parménide est mort vers -444.

Il faut donc noter que Parménide se situe dans le grand courant de pensée du cosmocentrisme[2] spécialement parmi les rationalistes. Dans ce courant de pensée, l’importance est donnée à deux actes qui sont constitutifs du cosmos. Il s’agit de la Dikê (justice au sens de l’ordre proportionné qui règne dans la nature) et de la mimêsis (c’est le principe paradigmatique de l’imitation. Ce principe exige des artistes de reproduire les éléments de la nature avec une beauté originale et sans défaut). C’est pour cela que nous allons voir dans le poème de Parménide l’évocation des éléments qui reflètent la beauté de la nature. La dikê sera retrouvée au vers 32 du premier fragment.

2-      LE POÈME DE PARMENIDE : « DE LA NATURE »

Le poème de Parménide renferme toute la pensée parménidienne. Ce poème est divisé en deux parties[3]. La première partie s’achève au vers 52 du VIIIème fragment et la deuxième partie va de ce verset jusqu’à la fin du poème. Ce qui intéresse notre réflexion touche surtout à la première partie qui est d’une cohérence et d’une clarté permettant la compréhension de tout le poème. Mais la deuxième partie ne sera pas totalement délaissée puisqu’elle traite uniquement de l’opinion.

Une lecture approfondie nous permet de faire ressortir de cette partie les éléments suivants qui constituent les différentes étapes de la démarche de Parménide :

·         La vie dans le monde des mortels

·         Le chemin vers le monde de la divinité, « chemin que parcourt l’homme instruit » avec pour guide les filles du soleil

·         Séjour auprès de la Déesse où il acquiert la connaissance grâce aux conseils de cette dernière.

De ces différentes étapes nous pouvons retenir qu’il s’agit dans ce poème du passage de l’ignorance à la connaissance (c'est-à-dire ce qui « est »). C’est un appel à la formation de l’esprit critique si nous voulons emprunter les mots au Professeur ASSALE Dominique[4].  Pour arriver à cela, Parménide demande de connaître et de prendre en compte le vrai et l’opinion. Il dit à ce propos : «I1 faut que tu apprennes toutes choses, et le cœur fidèle de la vérité qui s’impose, et les opinions humaines qui sont en dehors de le vraie certitude» (Fr.1). Car, même si les opinions humaines de par leur nature ne peuvent pas nous convaincre, les connaître permet de former un jugement critique. Parménide ajoute en reprenant les paroles de la Déesse que « c’est avec le raisonnement qu’il faut trancher le problème controverse » (fr.1).  Puisque sans la critique, l’habitude nous rendrait aveugles, sourds et muets devant l’opinion. Mais avec elle, nous arrivons à emprunter la voix qui est nécessaire et juste : celle de la vérité. Si tel est la situation, il nous faut détermine la vision que Parménide avait du monde.

Pour lui, le monde est le lieu où cohabite vérité et erreur.  C’est pourquoi il trouve que : « On a constitué pour la connaissance deux formes sous deux noms ; c’est une de trop, et c’est en cela que consiste l’erreur. » (Fr. VIII). L’erreur provient des considérations de la doxa comme il l’indique dans la deuxième partie de son poème. Il faut s’en départir pour trouver la vérité, et cela relève d’un cheminement personnel.

Platon sera plus explicite en proposant un chemin. C’est ce que nous allons expérimenter dans la présentation de la deuxième partie de notre exposé. Mais avant de passer à cette partie, il convient de noter que Jacob AGOSSOU distingue quatre  situations en rapport avec la physionomie psychologique de l’expérience parménidienne et son impact culturel. Il s’agit entre autres de[5] :

-          « le climat, l’aura  spirituelle d’une telle expérience a manifestement quelque chose de religieux et de sacré »

-          Les éléments qui entrent dans la description du cheminement ont dans leur symbolique même une vérité psychologique profonde ;

-          L’expérience est « essentiellement intellectuelle, de l’ordre de la connaissance ;

-          Mais elle est en même temps « présentée comme essentiellement productrice d’un logos ».

 

 

II-                L’ALLEGORIE DE   LA   CAVERNE

1-      PRESENTATION DE L’AUTEUR

Nous sommes au Vème siècle avant Jésus Christ.  Dans son œuvre intitulée la République, au livre 7, Platon traitera de l’allégorie de la caverne laquelle retrace le parcours à faire pour contempler en vérité et sans ambages le réel.

2-      L’ALLEGORIE

Le mythe de la caverne est une allégorie qui illustre la situation des hommes par rapport à la vraie lumière, c’est-à-dire par rapport à la vérité. Supposons des captifs enchaînés dans une demeure souterraine, le visage tourné vers la paroi opposée à l’entrée, et dans l’impossibilité de voir autre chose que cette paroi. Elle est éclairée par les reflets d’un feu qui brûle au dehors, sur une hauteur à mi pente de laquelle passe une route bordée d’un petit mur.
Derrière ce mur défilent des gens portant sur leurs épaules des objets hétéroclites, statuettes d’hommes, d’animaux, etc...

De ces objets, les captifs ne voient que l’ombre projetée par le feu sur le fond de la caverne. De même, ils n’entendent que les échos des paroles qu’échangent les porteurs. Habitués depuis leur naissance à contempler ces vaines images, à écouter ces sons confus dont ils ignorent l’origine, ils vivent dans un monde de fantômes qu’ils prennent pour des réalités.

Soudain, l’un d’entre eux est délivré de ses chaînes et entraîné vers la lumière. Au départ, il en est tout ébloui. La lumière du soleil lui fait mal, il ne distingue rien de ce qui l’entoure. D’instinct, il cherche à reposer ses yeux dans l’ombre qui ne le blessait pas. Peu à peu, cependant, ses yeux s’accoutument à la lumière, et il commence à voir le reflet des objets réfléchis dans les eaux. Plus tard, il se sent prêt à en affronter la vue directe. Enfin, il deviendra capable de soutenir l’éclat du soleil. C’est alors qu’il réalise que sa vie antérieure n’était qu’un rêve sombre, et il se met à plaindre ses anciens compagnons de captivité. Mais s’il redescend près d’eux pour les instruire, pour leur montrer le leurre dans lequel ils vivent et leur décrire le monde de la lumière, qui l’écoutera sans rire, qui donnera surtout créance à sa révélation ? Les plus sages eux-mêmes le traiteront de fou et iront jusqu’à le menacer de mort s’il s’obstine. On distingue sans peine la signification de cette allégorie. La caverne est le monde sensible dans lequel nous évoluons, le symbole de toutes les dictatures, visibles comme invisibles.

Nous sommes enchaînés dans cette caverne, esclaves de nous-mêmes et de notre éducation. La lumière est au dehors, mais il faut du courage pour la rejoindre, supporter la souffrance et la peur pour affronter la vérité. Nous devrons parcourir le sentier, qui est celui de la philosophie, pour espérer entrevoir la lumière. Cependant le philosophe, s’il est de son devoir de partager son savoir, aura du mal à le faire accepter par ceux qui sont restés dans la caverne. C’est pourquoi il est souvent rejeté. Il pourra dire ce qu’il a vu (et donc compris), mais il ne pourra jamais totalement décrire le chemin par lequel il est passé. L’apprenti philosophe doit donc entendre et accepter, à travers ce mythe, que sa vision du monde est une illusion, car basée sur des a priori, et qu’il doit sortir de la caverne pour se mettre réellement en quête de la vérité. Pour cela, il doit faire preuve d’humilité, appliquer la politique de la table rase, en oubliant ce qu’il a vu dans la caverne. Comment faire table rase ?  

3-      SON SENS

Platon met en jeu ici la condition immédiate de tous les hommes. A travers cette métaphore, il dépeint le caractère imaginaire de notre rapport au réel ; un rapport que médiatisent la langue, la culture, la tradition bref tous les éléments constitutifs de notre personnalité et de notre humanité. La caverne symbolise toutefois cette aliénation de notre esprit qui fait prendre pour un véritable savoir ce qui n’est que croyance ou opinion.

 

 

III-     LE POÈME DE PARMÉNIDE AU CRIBLE DU MYTHE DE LA CAVERNE :

            Ici, notre analyse est de voir d’une part les points communs des deux ouvrages[6], et d’autre part comment Platon a opéré un dépassement de la pensée parménidienne. Mais il nous faut d’abord savoir que les deux auteurs que nous étudions sont tous du courant cosmocentrique.  Seulement que la pensée de Platon est plus récente.

1-      POINTS COMMUNS :

Chez Parménide comme chez Platon, l’objectif est la recherche de la vérité. Pour arriver à cette fin, les deux philosophes ont proposé un cheminement. Il s’agit de quitter le monde de l’opinion chez l’un ; et le monde sensible, celui où les ombres sont considérées comme des réalités chez l’autre. Chez Parménide comme chez Platon, le chemin vers la vérité se révèle comme difficile et réservé à l’homme instruit et au philosophe. La trouver nécessite un effort, un dépassement de soi, un exercice continuel et une détermination sans précédent. Qu’est-ce que Platon a apporté de nouveau dans Le mythe de la caverne ?

2-      NOUVEAUTÉ DE PLATON :

Le mythe de la caverne de Platon est plus explicite. Quand Parménide, dans son poème, parle de façon implicite du monde du commun des mortels, Platon l’a systématisé. Dans la pensé parménidienne, nous avons seulement ce qu’on appel communément la dialectique ascendante sans la descendante même si Scherer pense que chez lui il y a trois voies à savoir : « celle de l’Etre qui est indispensable, celle qui va de l’être à l’opinion, qui est légitime ; et celle qui prétend atteindre directement l’opinion, qui est toujours mauvaise »[7]. Platon pour sa part fait ressorti dans son approche une dernière étape qui est indispensable : celle du retour dans le monde sensible. En effet, après avoir contemplé la vérité et s’être rendu compte de ses ignorances, il faut devenir éclaireur pour la cité. Mais comment peut-on comprendre cela ?

 

IV-             ACTUALISATION

A plus d’un titre, ce mythe peut être appréhendé sous un autre prisme de compréhension. De la doxa à l’aleiteia, la démarche platonicienne surplombe celle parménidienne. Elle ouvre à la contemplatio veritatis où amour et connaissance se jumellent et où le détachement fleurit en espérance. C’est précisément ce détachement qui doit déclencher le retour à la source, le come back de l’esprit pour répandre à profusion l’ultime bien emmagasiné : porteur du bien contemplé, l’ami de la sagesse devient, pour nous, le canal d’un bien qui se diffuse désormais de lui-même : «  bonum diffosivum sui. »  Voilà pourquoi dans nos actions, doit toujours transparaître la splendeur de notre intériorité ; notre vie ne doit être que le fruit de nos heures de contemplation, de nos instants d’union au divin. On ne peut recevoir sans donner, on ne peut passer par le Thabor sans en redescendre pour offrir au monde le Christ contemplé.  Et c’est le pas que nous faisons de plus pour aller au-delà des clichés parménidiens et des poncifs platoniciens ; convaincus de « ne pas être traités de fous et menacés de mort »[8] A titre illustratif, nous avons :

  _ Primo : A propos des différentes étapes de la lectio divina qui sont : la lectio, la meditatio, l’adoratio, l’oratio et  la contemplatio,  nous devons désormais aller plus loin. Il ne faut plus s’arrêter à la contemplatio mais descendre du « Thabor » pour traduire en faits l’événement vécu : la contemplatio doit inexorablement déboucher sur l’actio. Et comme la quête de la vérité et le quaerere Deum (la recherche de Dieu)  se réclament mutuellement, ne devons nous pas nous efforcer de cultiver la charité comme praxis contemplationis ?  Comme un chemin de purification pour parvenir « aux désirs de la pleine lumière »[9] ? 

_Secondo, la vie de l’homme en général et du chrétien en particulier est un exode. Pour ce faire, l’Eglise et ses pasteurs doivent se mettre en route pour conduire  les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers celui qui donne la vie, et la vie en plénitude. Une telle vocation doit nous situer tous sans exception au cœur de la sublime expérience augustinienne du cor inquietum : notre cœur n’aura de cesse que quand il reposera en Dieu[10] ; Dieu sens ultime de notre vie, celui que nous ne chercherions pas s’il n’était pas déjà venu à notre rencontre.[11] C’est lui le terme de notre existence ; la lumière véritable. Notre ultime vérité à nous, c’est Jésus.( cf. Jn 14,6) qui nous fait passer des ténèbres à son admirable lumière (1P2,9) .

 

Conclusion :

Fort de ce que nous venons de dire, vous comprenez que ce thème parle de la vérité et de l’opinion. Qu’il demande de se départir de l’une pour l’autre dans un raisonnement critique. Ce qui nécessite un cheminement, un dépassement de soi et une disposition du cœur. Si pour Parménide le cheminement se révèle personnel, pour Platon il est une invitation. Cette invitation se fait plus retentissante dans la vie chrétienne. Mais ici, elle est surtout une démarche expérientielle avec le Christ.



[1] Jacob AGOSSOU, Cours de l’Expérience spirituelle de l’humanité. Une introduction à l’ontologie de saint Thomas d’Aquin, Abidjan, UCAO, sd., p. 51.

[2]« Le cosmocentrisme est le principe qu’assigne J. M. Ferry au courant ancien, celui de l’époque grecque… (Cosmocentrisme) parce que l’idée de cosmos apparaît comme cadre de référence dont le présupposé permet de comprendre toute information de nature philosophique » selon Dominique ASSALE.

[3] Selon Jacob AGOSSOU, le poème de Parménide est divisé en trois parties. D’abord le prologue, ensuite une partie centrale qui selon le poème est le discours digne de foi et la conception (moêma) qui cerne la vérité, et enfin une dernière partie qui est le « discours de l’opinion ».in Jacob AGOSSOU, Op. Cit., Pp. 53-54.

[4]Dominique ASSALE AKA-BWASSI, cours de philosophie des Grands courants de l’histoire de la philosophie, IRPHIAHS, 2007-2008, Pp. 48-49.

[5] Jacob AGOSSOU, Op. Cit., Pp. 59-62.

[6]« Ouvrage » est pris ici comme chef d’œuvre, travaux, fruits de la réflexion.

[7]René Scherer, l’homme antique et la structure du monde intérieur, Paris, Payot, p. 156.

[8] Platon, La République, France, Flammarion, 1966, p. 39.

[9] Jean Paul II, Mane nobiscum Domine, n.1.

[10]  Augustin, Confessions, 1,1

[11] Cf. Porta Fidei n 1 .

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14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 00:52

Les vêpres solennelles de ce soir nous ouvrent sur la 28ème semaine du temps ordinaire année B ; et la liturgie de ce Dimanche nous permet de saisir le sens du détachement radical  des textes en ces termes: « va vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi ».  En effet, pour suivre Jésus, il nous faut  nous détacher de tout, le préférer plus que tout en  observant par-dessus tout ses commandements. Cet impératif missionnaire renvoie à l’attachement de la personne de Jésus qui s’impose à toute personne en quête du salut. Pour le faire, nous devons demander la Sagesse divine  qui nous fait voir et apprécier toutes choses comme Dieu lui-même. C’est cette grâce qui est demandée dans la prière d’ouverture. Elle sera alors l’expression d’une foi bien comprise et bien vécue.

Cette foi qui traduit notre ferme confiance en Dieu sera dévoilée dans la lecture  de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates, de lundi au mercredi ;  le jeudi la lettre de st Paul Apôtre à Tite, le vendredi la lettre de saint Paul apôtre aux Ephésiens. Nous aurons en lecture continue l’évangile de Jésus-Christ selon saint Luc. Le samedi les textes seront aux propres aux messes et liturgie des heures de la Congrégation de Jésus et Marie à cause de la solennité du Cœur de Jésus.

A ce propos, les textes  de lundi, mardi et mercredi  nous montreront la naissance des deux enfants d’Abraham,  l’une issue de la servante et l’autre de la femme libre. Cette naissance  nous présente les deux figures d’alliances que le Seigneur a conclues avec son peuple : celle du Sinaï qui engendre pour l’esclavage et celle de la nouvelle Jérusalem qui apporte la liberté. Cette dernière  met fin aux prescriptions de la Loi juive et rend l’homme libre. La  liberté apportée par le Christ réside surtout dans la foi agissante par la charité. Car, pour Lui, retourner aux pratiques judaïques, c’est retourner sous le joug de l’esclavage.  Etant libéré du joug de la Loi nous appartenons désormais au Christ qui crucifie en nous les œuvres de la chair où l’Esprit Saint nous conduit et nous fait vivre.

L’antienne d’ouverture de jeudi nous présente la beauté des messagers qui annonce la Bonne nouvelle qui est paix et salut. De plus, la première lecture de ce jour, rend un émouvant témoignage de saint Luc, fidèle compagnon de Paul lors de ses voyages apostoliques. Pensant à la moisson future et au nombre des ouvriers, le Seigneur choisit soixante douze et les envoya deux par deux afin de chanter et de proclamer la gloire de son règne. Telle est la substance de l’évangile.

 Par son Fils, Dieu nous accorde ses bienfaits : nous devenons enfants bien aimés de Dieu, unis au Christ et transformés par Lui. Ainsi, Il  agit par son Fils qui fait de nous des élus   pour participer à sa rédemption et à sa révélation. Devenus croyant, nous recevons dans le Christ la marque de l’Esprit Saint qui nous enseigne à chaque instant sur ce qu’il faudra dire. Textes de vendredi.   L’Esprit accueilli en soi nous purifie et fait de nous de nouvelle créature mettant dans chaque cœur le profond désir de changement. Ainsi, il nous fortifie, nous garde désormais contre l’hypocrisie, la peur  les persécutions et nous rend capable d’aimer. Par l’amour nous demeurons dans le Seigneur afin de portez de bon fruits, fruits qui demeurent. Textes de samedi.

THEME : Par l’Esprit Saint, entrons dans la gloire de Dieu.

Dispositions pratiques

Messe communautaire mardi soir, méditation des mystères lumineux de notre Seigneur Jésus Christ le mercredi et adoration silencieuse le jeudi.

Nous prendrons tous les soirs après les vêpres l’Ave Maria.

Jeudi, Vendredi  Samedi, nous prendrons l’Ave Cor après les laudes en prélude à la solennité du Cœur de Jésus.

Vendredi soir vêpres solennelles combinées à la prière partagée des Associés.

Samedi matin messe solennelle en l’honneur du Cœur de Jésus.

Cette semaine nous prierons particulièrement pour les intentions du provincial et la vice province d’Afrique.

Que les saints Thérèse d’Avila, Edwige, Marguérite-Marie Alacoque, Marie-Marguérite d’Yvouve, Ignace d’Antioche, Luc évangéliste Jean de Brébeuf et Isaac Jogues et leurs compagnons et Paul de la Croix nous accompagnent tout au long de la semaine, intercèdent pour nous auprès du Père en nous consacrant au Cœur de son Fils.

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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 14:21

 

       ima  INTRODUCTION                                                                                                     

Le 16 Septembre 2012, le pape Benoît XVI remet à l’Eglise d’Orient une exhortation post-synodale apostolique après la messe à Beyrouth. Cette exhortation intitulée, " Ecclesia in Medio Oriente », reprend les conclusions du synode des évêques sur le Moyen-Orient tenu en Octobre 2010. Elle invite l'Eglise catholique du Moyen-Orient à relancer la communion dans l'Eglise, et à l'ouverture au dialogue avec les juifs et les musulmans. C'est une communion, une unité qui doit être atteinte dans le cadre d'une répartition géographique marquée par une diversité religieuse, culturelle et sociopolitique au Moyen-Orient. Le pape à travers ledit document renouvelle son appel pour conserver et promouvoir les rites des Églises orientales, patrimoine de l'Église du Christ.

Ce document papal comprend trois grandes parties que nous allons découvrir. Mais avant, situons son contexte. Nous proposerons aussi en dernier lieu un essai d’actualisation.

 

            I) -Contexte de l’Exhortation Ecclesia in Medio Oriente

Le Moyen Orient désigne ensemble géographique regroupant les pays asiatiques situés au nord-ouest de l'océan Indien, soit l'Iran, l'Irak, les pays de la péninsule Arabique(l'Arabie Saoudite (qui occupe presque les trois quarts de la péninsule), le Yémen, le sultanat d'Oman, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït et Bahreïn, qui occupe une île, l'Afghanistan et le Pakistan

Dans cette région vivent des fidèles natifs appartenant aux vénérables Églises orientales catholiques sui iuris : l’Église patriarcale d’Alexandrie des Coptes ; les trois Églises patriarcales d’Antioche : celle des Grecs-melkites, des Syriaques et des Maronites ; l’Église patriarcale de Babylone des Chaldéens et celle de Cilicie des Arméniens. Y vivent également des Évêques, des prêtres et des fidèles appartenant à l’Église latine. Sont présents aussi des prêtres et des fidèles venus d’Inde des Archevêchés majeurs d’Ernakulam-Angamaly des Siro-malabars et de Trivandrum des Siro-malankars, et des autres Églises orientales et latine d’Asie et d’Europe de l’Est, ainsi que de nombreux fidèles venus d’Éthiopie et d’Érythrée (n°2). A ceux-là s’ajoutent les tendances schismatiques de Rome en Orient qui sont les Eglises monophysites ! (une seule nature divine) et nestoriennes (Jésus n’est pas à la fois Homme et Dieu, Jésus est devenue Dieu plus tard)issues de deux mouvement de pensée au  Vème siècle. Ces différentes croyances ne favorisent pas souvent la bonne cohabitation. A cela, il faut ajouter le fondamentalisme remarquable chez les musulmans de la région. Il faut souligner la situation actuelle de la violence qui atteint une ampleur incontrôlable et qui embrase la région depuis en Syrie. La paix est donc profondément menacée. C’est au cœur de cette situation que le Pape adresse aux chrétiens son message.

 

II) APPROCHE SYNTHETIQUE DE L’EXHORTATION « ECCLESIA IN MEDIO ORIENTE »

 

***Première partie :

 

·         La vie chrétienne et œcuménique (n° 11-18):

 L’œcuménisme ne signifie pas « uniformité de la tradition et de célébrations ».  En accord avec le Concile Vatican II, le Pape encourage l'œcuménisme spirituel, et une communion comprise non pas comme une confusion, mais plutôt comme la reconnaissance et le respect des autres. Dans le même temps, l'Exhortation réaffirme l'importance du travail de la théologie et des diverses commissions œcuméniques et communautés ecclésiales, afin que - conformément à la doctrine de l'Eglise - ils parlent d'une seule voix sur les questions les plus importantes morales (famille , la sexualité, la bioéthique, la liberté, la justice et la paix). (point n°12 et 13)

 En outre les juifs, les chrétiens et les musulmans croient en un Dieu unique et pour cette raison, il est à espérer qu'ils puissent reconnaître dans «l'autre croyant" un frère à aimer et respecter, en évitant l'exploitation de la religion à des conflits qui sont «injustifiable pour les croyants authentiques". Ce qui amène le Pape à les inviter au dialogue interreligieux (n°19-29).

 

·         Deux nouvelles réalités (n°29-30):

Le pape fustige deux attitudes extrêmes. D’une part, on a la mauvaise compréhension et pratique de la laïcité qui étouffe la liberté religieuse et la bonne collaboration entre la politique et la religion dans un respect mutuel. D’autre part, on a le fondamentalisme religieux qui cherche à prendre le pouvoir par la violence. L'Exhortation considère longuement la question de la sécularisation, y compris ses formes extrêmes, et le fondamentalisme violent qui prétend avoir une origine religieuse.  Pour cette raison, le pape publie un appel vibrant à tous les chefs religieux du Moyen-Orient pour tenter, par leur exemple et leur enseignement, à faire tout son possible pour éradiquer cette menace qui affecte indistinctement et fatalement les croyants de toutes les religions.

En ce qui concerne la migration très importante des chrétiens qui se trouvent dans une position délicate, parfois sans espoir, le pape prie les dirigeants politiques et religieux afin d'éviter des politiques et des stratégies tendant à un Moyen-Orient monochromatique qui ne reflète pas la réalité humaine et historique (n°31-36).

 

***Deuxieme partie

 

Dans cette partie, le Pape s’adresse à toutes les structures composantes de l’Eglise à savoir les patriarches, les évêques, les prêtres et les séminaristes, les consacrés, les laïcs, les jeunes et les enfants.

 

·         Les Patriarches (n°39 et 40):

«Les dirigeants des Églises sui iuris», en parfaite union avec l'Évêque de Rome, sont invités à rendre tangible l'universalité et l'unité de l'Eglise, en signe de communion ;

 

·         Les Evêques (n°41-44):

Ils doivent proclamer la Parole de Dieu avec courage et fermeté et défendre l'intégrité et l'unité de la foi, dans ces situations difficiles qui sont malheureusement courantes au Moyen-Orient.

 

·         Les prêtres et les séminaristes (n°45-50):

En tant que serviteurs de la communion, les prêtres et les séminaristes doivent offrir un témoignage courageux et sans ambiguïté, doivent se conduire de façon irréprochable, et doivent être ouverts à la diversité culturelle de leurs Eglises (apprentissage, par exemple, leurs langues et cultures), ainsi que la diversité ecclésiale et œcuménique et le dialogue interreligieux.

 

·         Les consacrés (51-54):

 Les hommes et les femmes religieuses doivent collaborer avec l'évêque dans les activités pastorales et missionnaires.

·         Les laïcs (n°55-57):

La tâche de promouvoir une bonne administration de biens publics, la liberté religieuse et le respect de la dignité de chaque personne.

·         La famille (n°58-61):

La famille chrétienne doit être pris en charge dans les problèmes et les difficultés auxquelles elle est confrontée, et doit s'attacher à sa propre identité la plus profonde, afin de devenir d'abord une église domestique qui éduque dans la prière et dans la foi, une pépinière de vocations, l'école naturelle de valeurs et d'éthique de la vertu, et la cellule fondamentale de la société. L'Exhortation accorde une attention considérable à la question des femmes au Moyen-Orient et à la nécessité de l'égalité avec les hommes, face à des discriminations dont ils sont victimes, qui offensent gravement non seulement les femmes elles-mêmes, mais aussi et surtout Dieu.

·         Les jeunes et les enfants:

Le pape exhorte à ne pas leur avoir peur ou honte d'être chrétiens, de respecter les autres croyants juifs et musulmans, et de toujours cultiver, à travers la prière, une véritable amitié avec Jésus, aimer le Christ et l'Église.  En ce qui concerne les enfants, en particulier, l'Exhortation invite les parents, les enseignants, les guides et les institutions publiques à reconnaître les droits des mineurs à partir du moment de leur conception (n°62-65).

 

***Troisieme partie

 

Le Pape exhorte sur la vie spirituelle de l’Eglise : la liturgie et vie sacramentelle, la prière et le pèlerinage, l’évangélisation et la mission de l’Eglise, la catéchèse et la formation chrétienne

Avant tout, il met la Parole de Dieu au cœur de toute chose en affirmant qu’elle constitue l’âme  et la source de communion et témoignage (n°65-74)                                                

·         Liturgie et vie sacramentelle (n°75-81):

La liturgie est un élément essentiel de l'unité et de la communion spirituelle. L'importance du baptême est une question clé, qui permet à ceux qui reçoivent ce sacrement à vivre en communion et à développer une véritable solidarité avec les autres membres de l'humanité, sans discrimination fondée sur la race ou de religion.

La prière et le pèlerinage (n°82-84): Le Pape demande que les fidèles aient libre accès, sans restriction, aux lieux saints.

 

·         Evangélisation et  mission de l'Eglise (n°85-91):

L'Exhortation souligne que la transmission de la foi est une mission essentielle de l'Eglise. Le pape encourage donc la nouvelle évangélisation qui, dans un contexte contemporain, marqué par le changement, doit être fait par le témoignage de la vie du fidèle.

 

·         La catéchèse et la formation chrétienne (n°92-94):

Le document pontifical encourage la lecture et l'enseignement du catéchisme de l'Eglise catholique et une initiation solide dans la doctrine sociale de l'Eglise. Dans le même temps, le pape invite les synodes épiscopaux et d'autres organismes à permettre aux fidèles d'avoir accès à la richesse spirituelle des Pères de l'Eglise, et à mettre l'accent sur l'enseignement patristique, en complément de la formation biblique.

 

                                  III) -ACTUALISATION

 

Dans le message papal adressé au Moyen Orient, le Pape invite les fidèles à éviter le fondamentalisme religieux pour s’ouvrir au dialogue avec les communautés juives et musulmanes. Ce message intéresse à plus d’un titre l’Afrique à cause de la monté sans cesse croissante des conflits intercommunautaires ou interconfessionnelles dus au manque de témoignage des uns et au fondamentalisme des autres. Comme mouvements intégristes, on peut citer entres le MNLA, le MJAO, le mouvement ANSARDINE au Mali, le BOCO ARAM au Nigéria.  Cette situation met en péril la paix et constitue de ce fait un handicap pour l’exécution sérieuse de l’Exhortation Africae Munus sur la réconciliation, la justice et la paix. Comme les fidèles du Moyen Orient, les fidèles vivant en Afrique doivent aussi promouvoir la paix à travers une vie de communion et de témoignage. La Parole de Dieu en constitue l’âme et la source. Mais cette vie de communion et de témoignage doit trouver son développement cohérent dans le vécu des sacrements. De plus, on peut dire que la communion des membres de l’Eglise est utile car le témoignage n’est pas en rang dispersé. On pourrait dire à la manière eudiste que c’est l’ensemble pour la mission et que si cet ensemble n’est pas réel, c’est en vain que la mission sera effective. En d’autres termes, la mission ad extra de l’Eglise repose d’abord sur celle ad intra car, comme le dit le bienheureux pape Jean Pau II, le monde n’a plus besoin de prédicateurs mais de témoins !

 

CONCLUSION

Benoît XVI demande solennellement, au nom de Dieu, aux autorités politiques et religieuses, non seulement de soulager les souffrances de tous ceux qui vivent au Moyen-Orient, mais aussi d'éliminer les causes de cette souffrance, et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que la paix advienne. Dans le même temps, les fidèles catholiques sont exhortés à consolider et à vivre ensemble dans la communion, donnant vie à un dynamisme pastoral. "Un esprit tiède déplaît à Dieu", et donc les chrétiens du Moyen-Orient, catholiques et autres, sont encouragés à témoigner du Christ avec courage et unis. Il s’agit d’un témoignage qui n’est pas facile mais qui est exaltant.

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 00:23

Excellence, Monseigneur Jean Salomon LEZOUTIER, notre père bien aimé,

Chers confrères,

Chers candidats eudistes,

Chers associés eudistes,

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Permettez-moi de vous exprimer toute ma joie d’être encore une fois de plus, témoin de l’œuvre de la Providence dans chacune de nos vies et de nos différentes rencontres. Je reste convaincu que pour ceux qui croient, il n’y a jamais de hasard, tout est Providence. Dieu se sert de nos prévisions humaines pour nous donner toujours la grâce d’un nouveau départ. Tel est encore le cas de notre belle célébration de ce jour qui clôture la retraite introduisant la nouvelle année communautaire, pastorale et universitaire de notre maison de formation de Yopougon.

En effet, à entendre  les textes de ce dimanche, je comprends comme chacun de vous, que le Seigneur nous indique tout un programme de vie pour la nouvelle année qui s’ouvre devant nous tous, et surtout, pour nos candidats eudistes et leurs formateurs. Il s’agit de construire ensemble un chemin de confiance, de liberté et de fraternité.

Ce chemin n’est pas facile, commence à nous l’enseigner, la première lecture tirée du livre de la Sagesse. Dans ce texte, le juste qui veut suivre le Seigneur de plus près, est soumis à des outrages et des tourments par « ceux qui méditent le mal en eux-mêmes », afin d’éprouver sa douceur et sa patience. C’est là une réalité humaine dont il nous faut prendre conscience pour construire notre vie fraternelle et communautaire en cette nouvelle année.

En effet, pour vivre en frères et en chrétiens, il nous faut commencer par parcourir un vrai chemin de conversion intérieure pour nous libérer de tout ce que saint Jacques condamne dans la deuxième lecture, à savoir « la jalousie et les rivalités qui mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes ». Ce sont là des sentiments et des comportements païens que Jésus combat dans le cœur de ses disciples qui se préoccupaient, chemin faisant, de savoir qui est le plus grand d’entre eux tous. Ils étaient tous tombés dans le péché des origines, c’est-à-dire le péché de l’orgueil qui est la racine de tous les maux humains.

Heureusement, Jésus est venu nous en guérir. Car, pour nous aider à sortir de ce cercle vicieux qui compromet dangereusement la paix et la joie de vivre ensemble, il propose à ses disciples et à nous tous qui avons décidé de le suivre jusqu’au bout, deux attitudes fondamentales pour servir la fraternité :

La première, c’est de devenir serviteur de tous en développant le contraire de l’orgueil qu’est l’humilité. Autrement dit, il s’agit de choisir librement d’être serviteur de tous pour lutter contre le péché de l’orgueil : « Si quelqu’un veut être le premier de tous, dit-il, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ».

En méditant sur ce passage, un moine bénédictin, André LOUF, nous fait comprendre cette exhortation de Jésus en ces termes : « La dernière place dont parle Jésus, disait-il, ce n’est pas une place où l’on cesse d’être soi-même, mais où l’on est humblement soi-même devant Dieu. Ce n’est pas une place où l’on se déprécie, mais où l’on apprécie toutes choses selon Dieu. A la dernière place, on n’est pas au-dessous de tous mais au service de tous ».

Et bien chers frères et sœurs, ce qui est important dans le service fraternel dont nous parle le Christ en ce dimanche, ce n’est pas ce à quoi nous servons, mais c’est la Personne que nous servons.

La deuxième attitude que nous recommande Jésus pour nous mettre à son école, est celle de l’accueil : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas, mais Celui qui m’a envoyé ». Il s’agit d’accueillir l’autre dans notre vie, quelle que soit sa petitesse, et avec la confiance d’un enfant. En ce sens, le message du Christ se fait très clair. Il nous invite à un accueil différent : accueillir l’autre dans la foi, comme il nous l’envoie, comme un frère à aimer et à servir. C’est là notre vraie grandeur. Autrement dit, il nous convie à nous aimer les uns les autres avec le cœur de Dieu, d’un amour vrai, humble, miséricordieux, gratuit, qui ne vient pas de nous, mais que l’on va libérer pour qu’il passe à travers nous et se répandre sur les autres comme une bénédiction. C’est ainsi qu’on peut faire la paix en soi et avec les autres, pour bâtir ensemble une véritable vie fraternelle en communauté, et construire déjà sur terre, le Royaume de Dieu.

En comptant sur les précieux fruits de votre retraite de début d’année, je voudrais simplement souhaiter maintenant de tout cœur, que toute notre vice-province et surtout notre maison de formation où l’être eudiste est complètement façonné, puisse sérieusement intégrer dans son plan de vie communautaire la ferme exhortation de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique dans le n°28 de son document sur La vie fraternelle en communauté datant de 1994. Elle stipulait ceci :

« Il ne faut pas oublier que la paix et le plaisir d’être ensemble demeurent l’un des signes du Royaume de Dieu. La joie de vivre, même au milieu des difficultés du chemin humain et spirituel et au milieu des ennuis quotidiens, fait déjà partie du Royaume. Cette joie est fruit de l’Esprit, elle épouse la simplicité de l’existence, la trame monotone du quotidien. Une fraternité sans joie est une fraternité qui s’éteint. Très vite, les membres seront tentés de chercher ailleurs ce qu’ils ne peuvent trouver chez eux. Une communauté riche de joie est un véritable don du Très-Haut, accordé aux frères et sœurs qui savent le demander, et qui s’acceptent mutuellement en s’engageant dans la vie fraternelle avec confiance en l’action de l’Esprit… Savoir faire, « fête ensemble », s’accorder des moments de détente personnelle et communautaires, prendre de la distance de temps en temps par rapport à son travail, partager les joies de ses frères et sœurs, porter une attention empressée à leurs besoins, s’engager avec confiance dans le travail apostolique, affronter avec miséricorde les situations difficiles, marcher vers le lendemain avec l’espérance de rencontrer toujours et de toute façon le Seigneur : tout cela entretient la sérénité, la paix, la joie et devient source d’énergie apostolique .

Au cours de cette eucharistie, demandons à Dieu la grâce de mettre en application cette belle exhortation dans le quotidien de nos vies. Que l’Esprit Saint, nous inspire tout ce qui suscite de la vraie joie dans notre cœur et dans celui de chacun de nos frères, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

A tous, je souhaite donc une belle, heureuse, fructueuse année en compagnie de Jésus sous le regard maternel de Marie. AMEN.  

Rentrée 2012-2013 à la formation eudiste Afrique (56)

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 23:51

 

Fraternité Saint Jean EUDES de Yopougon,

Communauté de formation

 

 Ce dimanche 23 septembre 2012 à 10h00, a été célébrée (concélébrée), à la communauté de formation des eudistes en Afrique sise à Yopougon, la messe de rentrée communautaire et académique.

 

 Rentrée 2012-2013 à la formation eudiste Afrique (1)

Tout a commencé une trentaine de minutes plus tôt, avec l’arrivée de l’évêque de Yopougon, Monseigneur Jean-Salomon LEZOUTIER. Il a été accueilli par les Pères formateurs accompagnés des séminaristes qui avaient à leur tête, le recteur de la maison de formation, le père Saturnin LAWSON et son économe, le Père Aurélien GBEGNON, et le nouveau Supérieur Vice-provincial d’Afrique, le père Maxime KOUASSI, venu expressément pour l’occasion. L’accueil a été marqué par un chant de bienvenue en plusieurs langues entonné par les étudiants : ‘’ Welcome, Houezonlo, Akwaba, Bonne arrivée’’. C’est sous ce chant que l’Evêque reçoit la salutation des prêtres présents. Après la salutation, un séminariste verse sur le passage de l’ordinaire des lieux l’eau en signe de paix selon la tradition  ‘’fon’’. Ensuite un autre étudiant lui déballe deux pagnes pour signifier la qualité de la personnalité du serviteur de Dieu conformément à la coutume Akan. L’évêque a donc emprunté ce chemin mouillé d’eau et couvert de pagnes qui l’a conduit au baisement de la croix que tenait un séminariste. Rentrée 2012-2013 à la formation eudiste Afrique (14)Après le baiser de la croix, l’évêque s’est rendu au sanctuaire d’adoration où lui est présentée par le vice-provincial de l’eau bénite avec laquelle il a aspergé d’abord l’ensemble des prêtres et des séminaristes à sa suite avant de se diriger vers la chapelle pour en faire de même au peuple de Dieu déjà rassemblé. L’aspersion étant terminée, le deuxième responsable de l’Eglise de Yopougon s’est retourné au sanctuaire d’adoration où il s’est momentanément recueilli, avant de passer au traditionnel échange de nouvelle dans le bureau du recteur. Au cours de ce moment, l’abbé Jean-Clovis MOBIO a exprimé l’hôte du jour l’immense joie et l’extrême gratitude de toute la maison de formation, celle de le voir confier avec eux au Seigneur, cette nouvelle année universitaire.

 

Après la procession d’entrée (du Célébrant principal, des célébrants et des servants de messe), l’abbéRentrée 2012-2013 à la formation eudiste Afrique (102) Mahoussi ADOKO a présenté le contexte dans lequel s’inscrit la célébration. Il a relevé les motifs qui justifient la triple joie de la maison de formation des pères eudistes de la Province d’Afrique en ce jour :

remercier Dieu le Père pour la nouvelle année universitaire et la lui confier entièrement ;

rendre grâce au Seigneur avec notre père évêque, qui, pour la première fois, célèbre l’Eucharistie avec nous dans la chapelle de notre maison de formation ;

accueillir également pour la première fois, le nouveau Supérieur Vice Provincial d’Afrique.

 

Ce fut ensuite le tour du père recteur, qui a, au nom de la Fraternité Saint Jean Eudes, de la Vice Province d’Afrique et de la maison de formation de Yopougon qu’il dirige, remercié le père évêque pour avoir autorisé et accepté d’héberger la communauté. Il aussi sollicité son assistance et sa bienveillance, qui d’ailleurs, ne lui ont jamais manqué.

 

Dans sa réponse, le père évêque a déclaré être sensible et touché par l’accueil bien chaleureux à lui réservé. Il a estimé que c’est une grâce pour son évêché, d’abriter en son sein, une si grande maison de formation de prêtres. Il n’a d’ailleurs pas manqué de souligner la double mission de cette dernière, celle principale de formation des prêtres de Jésus-Christ selon le cœur de Dieu et celle accessoire, mais non moins importante, d’éducation du peuple de Dieu.

 

Au terme de cet échange de civilités, la messe s’est normalement poursuivie avec le rite de pénitence, le Gloria et la liturgie de la parole.

 

S’inspirant des textes proposés à notre méditation en ce 25ème dimanche du temps ordinaire de l’année B, le Supérieur Vice-provincial a orienté nos regards sur la construction d’une véritable vie fraternelle en instaurant au sein de nos communautés des relations de liberté et de fraternité. Pour atteindre cet état de vie, il nous propose deux voies essentielles : l’accueil mutuel et l’humilité qui est la vertu des vertus selon Saint Jean EUDES. C’est elle qui permet de distinguer le juste du méchant, et son absence dans la vie de ce dernier, le pousse à rechercher la mort du juste comme le relate la 1ère lecture tirée du livre de la Sagesse (Sagesse 2, 12. 17-20). Dans la 2ème lecture extraite de la lettre à Saint Jacques, (Jacques 3, 16… 4, 13), l’apôtre saint Paul nous révèle qu’une telle attitude trouve son origine dans l’instinct humain. C’est d’ailleurs à bon droit que le père Maxime a invité les étudiants eudistes à plutôt cultiver l’humilité pour vivre dans la sagesse divine, se revêtir de charité, de patience et de douceur pour une vie communautaire plaisante et joyeuse,  s’armer de science et de courage pour une année académique réussie.  Dans l’évangile selon Saint Marc (Marc 9, 30-37), et tout comme Jésus-Christ à ses apôtres, le Supérieur Vice provincial a convié toute la communauté, et les séminaristes surtout, à la même démarche évangélique, source et sommet d’une vie d’apôtre selon le cœur de Dieu. Il n’a aucunement manqué de les confié à la Vierge Marie, l’humble servante du Seigneur.

 

Après la profession de foi et la prière du peuple (universelle), la présentation des dons a été placée sous le signe de l’unité, unité exprimée dans la diversité, avec l’offrande au Seigneur :

de tous les séminaristes représentés par les quatre nationalités que sont le Bénin, le Burkina Faso, le Togo et la Cote d’Ivoire, pays hôte de la maison de formation ;

de la Sainte Bible, parole de Dieu qui esprit et vie, et fondement qui nous rassemble ;

d’un kit étudiant composé d’outils nécessaires au travail de recherche auquel il sera soumis toute l’année durant ;

du pain et du vin, fruit de la terre, de la vigne et du travail des hommes, offert par le Christ lui-même à ses apôtres, en son corps et son sang.

 Cette présentation des dons a donc ouvert la deuxième partie de la célébration, la liturgie eucharistie proprement dite. Elle a été conclue, après la communion à la sainte table, par la prière après la communion.

La bénédiction épiscopale donnée par le Monseigneur LEZOUTIER, suivie de l’envoi, a clos l’eucharistie, animée par les étudiants séminaristes eudistes. C’est avec un repas fraternel autour de l’évêque auquel ont été également conviés des représentants de la communauté et des associés eudistes, que la cérémonie a pris fin.

 

 

Relevons également la présence et la participation à cette célébration de rentrée, du père Honoré KOUASSI, gestionnaire de l’Ecole de la Foi de Yamoussoukro et du diacre Sylvain AHOUANKON, économe du séminaire propédeutique de Katiola,  tous membres de la Congrégation de Jésus et Marie.

 

 

                          

 

 Rentrée 2012-2013 à la formation eudiste Afrique (11)

 

 

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 23:31

Après une césure, la maison de formation eudiste de Yopougon, visibilité de la Vice Province d’Afrique, a ouvert à nouveau ses portes depuis le 15 Septembre 2012 pour une nouvelle expérience académico - pastorale mais avant tout communautaire. Aux horizons immédiats  et depuis les profondeurs d’une audace missionnaire impulsée autrefois par le « Duc in Altum », surgit pour nous cette année une question du Maître  qui exige de chacun un double exercice d’effort, de vérité sur soi et de transparence avec Dieu : « Vos autem quem me esse dicitis ? » (Pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? Lc 9,20) C’est le thème qui nous a permis de nous ressourcer pendant trois jours au centre de spiritualité d’Abatta, et c’est le même qui, pendant longtemps, sera présenté et vécu  comme une boussole fiable  pour nous orienter sur le chemin de l’année qui commence. Savamment prêchée avec style et brio par le P. Saturnin Anani Lawson, Recteur de la maison, cette retraite  a permis à chacun et à tous d’interroger son identité d’appelé afin de repréciserhumaine le rythme et la saveur de la sequela christi. «  Pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? » Selon le prédicateur, ce thème plein de sens et de significations, décrit une trajectoire personnalisante qui, fort de sa profondeur mystique, ambitionne  d’élever le cœur du disciple au dessus de la mêlée ; lui octroyant ainsi la pleine capacité de passer de l’indéterminé à la précision ; de l’impersonnel à l’implicatif bref de la « δόχα » à l’ «  αλετέια »  c'est-à-dire de l’opinion à la vérité. C’est une question qui s’adresse aux consciences qui se sont abreuvées à la source christique dans le but d’une redécouverte toujours plus accentuée de l’Homme-Dieu : n’est ce pas là le propre du « discipulus » ? C’est- à- dire  du disciple, de l’apprenant ? Non pas un rêveur déséquilibré, mais un homme accompli, normal, utile et au faîte des réalités sociales. Le disciple est un homme et un appelé qui doit, dans l’humilité, connaître ses forces et ses faiblesses et dans l’abandon (Mt 8,34/ Lc9, 23) à la providence divine (Lc 12, 22-31) ; apprendre à porter sa croix en vue d’être initié aux mystères du Royaume. Ce n’est qu’après cette phase initiatique, que le disciple devient apôtre, c'est-à-dire qu’il lui sera ordonné d’aller vers un lieu bien défini selon les deux particules grecques qui composent ce mot : απο et στελλω. Jésus appelle, institue, établit en droits comme en  devoirs et couronne le tout par cet impératif missionnaire : « euntes docete » c'est-à-dire, « allez et enseignez» au monde ce que je vous ai appris. Cependant, l’appel du Maître ne cesse de retentir de façon toujours nouvelle ; et  la fécondité du ministère reste inviolablement tributaire de la proximité de l’envoyé (apostolos) d’avec l’envoyeur (apostellein). Voilà pourquoi le « vos autem quem me esse dicitis » ne  sera pour nous rien d’autre qu’un long processus de maturation vocationnelle et de redécouverte profonde de la volonté rédemptrice qui découle de l’appel divin ; de la réponse humaine, de la vérité de vie et d’engagement. Un appel qui oriente résolument tout appelé (vocatus) sur les voies salvifiques du « Je » (Je suis qui Je suis), un « Je » qui est et demeure via, veritas et vita. Du vocatus (l’appelé) à l’apostolos (l’envoyé), le Seigneur ne cesse pourtant de nous rappeler : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis pour que vous partiez, que vous donniez du fruit et que votre fruit demeure. »

                                                                                                    

                                                                                                               Spérauld G. AGOSSOU

Cf. Benoît XVI, Porta Fidei, Abidjan, Paulines, 2011, n 5.

Il convient de souligner  la différence modale entre le disciple du Christ dont il est question ici et le disciple des écoles gréco-romaines. En effet, pendant que le deuxième va vers le maître, ici, c’est le Maître (Jésus) qui prend l’initiative d’appeler laissant à l’homme la liberté de répondre.

Cf. Jn 14,6.

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14 août 2012 2 14 /08 /août /2012 04:06

images« Appelés à faire resplendir la Parole de vérité »

(Lettre apostolique Porta fidei n. 6)

 

Chers frères et sœurs,

 

La célébration de la Journée Missionnaire mondiale se charge cette année d’une signification toute particulière. Le 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, l’ouverture de l’Année de la Foi et le Synode des Évêques sur la nouvelle évangélisation concourent à réaffirmer la volonté de l’Église de s’engager avec plus de courage et d’ardeur dans la missio ad gentes afin que l’Évangile parvienne jusqu’aux extrémités de la terre.

Le Concile œcuménique Vatican II, avec la participation des Évêques catholiques provenant de toutes les parties du monde, a été un signe lumineux de l’universalité de l’Église, accueillant, pour la première fois, un aussi grand nombre de Pères conciliaires provenant d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Océanie. Des Évêques missionnaires et des Évêques autochtones, Pasteurs de communautés éparses parmi des populations non chrétiennes, qui portaient au sein de l’Assise conciliaire l’image d’une Église présente sur tous les continents et qui se faisaient interprètes des réalités complexes de ce qu’il était alors convenu d’appeler le « Tiers Monde ». Riches de l’expérience du fait d’être Pasteurs d’Églises jeunes et en voie de formation, animés par la passion pour la diffusion du Royaume de Dieu, ils ont contribué de manière notable à réaffirmer la nécessité et l’urgence de l’évangélisation ad gentes, et donc à porter au centre de l’ecclésiologie la nature missionnaire de l’Église.

 

  • Ecclésiologie missionnaire

Cette vision n’a pas disparu aujourd’hui. Elle a même connu une féconde réflexion théologique et pastorale et, dans le même temps, elle se présente à nouveau avec un caractère d’urgence renouvelé parce que le nombre de ceux qui ne connaissent pas encore le Christ a augmenté : « Les hommes qui attendent le Christ sont encore en nombre incalculable » affirmait le Bienheureux Jean-Paul II dans son Encyclique Redemptoris missio à propos de la validité permanente du mandat missionnaire. Et il ajoutait : « Nous ne pouvons pas avoir l'esprit tranquille en pensant aux millions de nos frères et sœurs, rachetés eux aussi par le sang du Christ, qui vivent dans l'ignorance de l'amour de Dieu » (n. 86). Moi aussi, en convoquant l’Année de la Foi, j’ai écrit que le Christ « aujourd’hui comme alors, nous envoie par les routes du monde pour proclamer son Évangile à tous les peuples de la terre » (Lettre Apostolique Porta fidei, n. 7). Proclamation qui, comme l’indiquait également le Serviteur de Dieu Paul VI dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, « n’est pas pour l’Église une contribution facultative : c’est le devoir qui lui incombe, par mandat du Seigneur Jésus, afin que les hommes puissent croire et être sauvés. Oui, ce message est nécessaire. Il est unique. Il ne saurait être remplacé » (n. 5). Nous avons donc besoin de retrouver le même élan apostolique des premières communautés chrétiennes qui, petites et sans défense, furent capables, par l’annonce et le témoignage, de diffuser l’Évangile dans l’ensemble du monde alors connu.

Il n’y a donc pas lieu de s’étonner du fait que le Concile Vatican II et le Magistère de l’Église qui l’a suivi insistent spécialement sur le mandat missionnaire que le Christ a confié à ses disciples et qui doit constituer l’engagement de l’ensemble du Peuple de Dieu, des Évêques, des prêtres, des diacres, des religieux, des religieuses et des laïcs. La mission d’annoncer l’Évangile sur toute la terre appartient en premier lieu aux Évêques, directement responsables de l'évangélisation dans le monde, tant en qualité de membres du collège épiscopal que comme Pasteurs des Églises particulières. En effet, ils « ont été consacrés non seulement pour un diocèse, mais pour le salut du monde entier » (Jean-Paul II, Encyclique Redemptoris missio, n. 63), « messagers de la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples » (Ad gentes, n. 20) et rendent « visibles l’esprit et l’ardeur missionnaires du Peuple de Dieu, en sorte que le diocèse tout entier devient missionnaire » (ibid., n. 38).

 

  • La priorité de l’évangélisation

Le mandat de prêcher l’Évangile ne se limite donc pas pour un Pasteur, à l’attention accordée à la portion du Peuple de Dieu qui est confiée à ses soins pastoraux, ni à l’envoi de quelque prêtre ou laïc fidei donum. Il doit impliquer toute l’activité de l’Église particulière, tous ses secteurs, en bref tout son être et tout son agir. Le Concile Vatican II l’a indiqué clairement et le Magistère successif l’a réaffirmé avec force. Cela demande d’adapter constamment styles de vie, plans pastoraux et organisation diocésaine à cette dimension fondamentale de l’Église, en particulier au sein de notre monde en continuel changement. Et ceci vaut également pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique tout comme pour les Mouvements ecclésiaux : toutes les composantes de la grande mosaïque de l’Église doivent se sentir fortement interpellées par le mandat du Seigneur de prêcher l’Évangile, afin que le Christ soit annoncé partout. Nous Pasteurs, religieux et religieuses ainsi que tous les fidèles dans le Christ, nous devons nous mettre sur les traces de l’apôtre Paul, qui, « prisonnier du Christ à cause de vous, païens... » (Ep 3, 1) a travaillé, souffert et lutté pour porter l’Évangile parmi les païens (Col 1, 24-29) sans économiser énergie, temps et moyens pour faire connaître le Message du Christ.

Aujourd’hui encore, la mission ad gentes doit être l’horizon constant et le paradigme de toute activité ecclésiale parce que l’identité même de l’Église est constituée par la foi dans le Mystère de Dieu qui s’est révélé dans le Christ pour nous porter le salut et par la mission de lui rendre témoignage et de l’annoncer au monde jusqu’à son retour. Comme saint Paul, nous devons être attentifs à ceux qui sont loin, à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et n’ont pas encore fait l’expérience de la paternité de Dieu, bien conscients que « la coopération s'élargit aujourd'hui en prenant des formes nouvelles, qui comportent non seulement l'aide économique mais aussi la participation directe à l’évangélisation » (Jean Paul II, Encyclique Redemptoris missio, n. 82). La célébration de l’Année de la Foi et du Synode des Évêques sur la nouvelle évangélisation constitueront des occasions propices en vue de la relance de la coopération missionnaire, surtout sous cette seconde forme.

 

  • Foi et annonce

Le désir d’annoncer le Christ nous pousse à lire l’histoire pour y découvrir les problèmes, les aspirations et les espérances de l’humanité que le Christ doit assainir, purifier et remplir de sa présence. Son message est en effet toujours actuel, il descend au cœur même de l’histoire et est capable d’apporter une réponse aux inquiétudes les plus profondes de tout homme. C’est pourquoi l’Église, dans toutes ses composantes, doit être consciente du fait que « les horizons immenses de la mission ecclésiale, la complexité de la situation présente demandent aujourd’hui des modalités nouvelles pour communiquer de façon efficace la Parole de Dieu » (Benoît XVI, Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, n. 97). Ceci exige, d’abord et avant tout, une adhésion de foi renouvelée, personnelle et communautaire, à l’Évangile de Jésus Christ « en un moment de profond changement comme celui que l’humanité est en train de vivre » (Lettre Apostolique Porta fidei, n. 8).

L’un des obstacles à l’élan de l’évangélisation est, en effet, la crise de la foi non seulement du monde occidental mais d’une grande partie de l’humanité qui a pourtant faim et soif de Dieu et doit être invitée et conduite au pain de vie et à l’eau vive comme la Samaritaine qui se rend au puits de Jacob et dialogue avec le Christ. Ainsi que le raconte l’Évangéliste Jean, l’histoire de cette femme est particulièrement significative (cf. Jn 4, 1-30) : elle rencontre Jésus qui lui demande à boire mais lui parle ensuite d’une eau nouvelle, capable d’étancher sa soif pour toujours. Au début, la femme ne comprend pas, elle reste au plan matériel mais, lentement, elle est conduite par le Seigneur à accomplir un chemin de foi qui l’amène à le reconnaître comme étant le Messie. A ce propos, Saint Augustin affirme : « Après avoir reçu dans son cœur le Christ Notre-Seigneur, qu’aurait-elle de plus à faire [cette femme] que laisser là sa cruche et courir annoncer la bonne nouvelle ? (In Ioannis Ev.,15, 30). La rencontre avec le Christ en tant que Personne vivante qui étanche la soif du cœur ne peut que conduire au désir de partager avec d’autres la joie de cette présence et de le faire connaître afin que tous puissent en faire l’expérience. Il faut renouveler l’enthousiasme à communiquer la foi afin de promouvoir une nouvelle évangélisation des communautés et des pays d’antique tradition chrétienne qui sont en train de perdre la référence à Dieu, de manière à redécouvrir la joie de croire. La préoccupation d’évangéliser ne doit jamais demeurer en marge de l’activité ecclésiale et de la vie personnelle du chrétien, mais elle doit les caractériser de manière forte en étant conscients du fait que nous sommes destinataires et, dans le même temps, missionnaires de l’Évangile. Le point central de l’annonce demeure toujours le même : le Kérygme du Christ mort et ressuscité pour le salut du monde, le Kérygme de l’amour de Dieu absolu et total pour tout homme et pour toute femme. Ce Kérygme a culminé dans l’envoi du Fils éternel et unique, le Seigneur Jésus qui ne dédaigna pas de prendre la pauvreté de notre nature humaine, l’aimant et la rachetant du péché et de la mort en s’offrant lui-même sur la croix.

La foi en Dieu, dans ce dessein d’amour réalisé dans le Christ, est tout d’abord un don et un mystère à accueillir dans le cœur et dans la vie et dont il faut toujours remercier le Seigneur. Mais la foi est un don qui nous est donné pour être partagé ; elle est un talent reçu afin qu’il porte du fruit ; elle est une lumière qui ne doit pas demeurer cachée mais illuminer toute la maison. Elle est le don le plus important qui nous a été fait au cours de notre existence et que nous ne pouvons pas conserver pour nous-mêmes.

  • L’annonce se fait charité

« Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile ! », disait l’Apôtre Paul (1 Co 9, 16). Cette parole résonne avec force pour tout chrétien et pour toute communauté chrétienne sur tous les continents. Même pour les Églises se trouvant dans les territoires de mission, Églises pour la plupart jeunes, souvent de fondation récente, le caractère missionnaire est devenu une dimension naturelle même si elles-mêmes ont encore besoin de miima.jpgssionnaires. De nombreux prêtres, religieux et religieuses de toutes les parties du monde, de nombreux laïcs et même des familles entières quittent leurs pays, leurs communautés locales et se rendent auprès d’autres Églises pour témoigner et annoncer le Nom du Christ grâce auquel l’humanité trouve le salut. Il s’agit d’une expression de profonde communion, de partage et de charité entre les Églises afin que tout homme puisse écouter ou réécouter l’annonce qui guérit et s’approcher des Sacrements, source de la vraie vie. Avec ce signe éminent de la foi qui se transforme en charité, je rappelle et je remercie les Œuvres pontificales missionnaires, instrument de la coopération à la mission universelle de l’Église dans le monde. Au travers de leur action, l’annonce de l’Évangile se fait également intervention d’aide au prochain, justice envers les plus pauvres, possibilité d’instruction jusque dans les villages les plus reculés, assistance médicale dans des lieux éloignés, émancipation de la misère, réhabilitation de ceux qui sont marginalisés, soutien au développement des peuples, dépassement des divisions ethniques, et respect de la vie en chacune de ses phases. Chers frères et sœurs, j’invoque sur l’œuvre d’évangélisation ad gentes, et en particulier sur ses ouvriers, l’effusion de l’Esprit Saint afin que la Grâce de Dieu la fasse cheminer avec plus de décision dans l’histoire du monde. Avec le Bienheureux John Henry Newman, je voudrais prier : « Accompagne, ô Seigneur, tes missionnaires dans les terres à évangéliser ; mets les paroles justes sur leurs lèvres ; rends leur travail fructueux ». Que la Vierge Marie, Mère de l’Église et Étoile de l’Évangélisation, accompagne tous les missionnaires de l’Évangile. Du Vatican, le 6 janvier 2012, Solennité de l’Épiphanie du Seigneur

 

BENEDICTUS PP. XVI

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 10:26

Le nouveau Supérieur général de la Congrégation le père Camilo BERNAL HADAD, vient de nomme le père Maxime KOUASSI, Né le 28 novembre 1965, Incorporé le 16 février 2001et Ordonné prêtre le 7 juillet 2001, nouveau

SUPÉRIEUR DE LA VICE-PROVINCE D’AFRIQUE

pour un premier mandat de trois ans

à partir du 1er septembre 2012

 

Toutes nos félicitations au Père Maxime et que le Seigneur l'accompagne dans cette nouvelle charge  qu'il a accepté "corde magno et animo volenti"

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 09:48

Après une semaine de répit en famille, le Théologat eudiste à Yopougon reprend ses activités  non plus à la manière ordinaire mais avec une pose méditative et contemplative pour faire une relecture spirituelle de ce qu’a été l’année 2011-2012 pour les étudiants-théologiens de la première et deuxième année et les autres (troisième année)pour une retraite d’ordination diaconale à Abatta. Le thème qui va nourrir et innerver la méditation des étudiants de la première et deuxième année est un passage tiré de l’évangile selon saint Luc au chapitre 5 verset 4 : duc in altum, aller au large, passage par lequel Jésus a exhorté ses premiers disciples à avancer au large. En effet, à l’interpellation de Jésus, Pierre et ses compagnons vont faire confiance au Maître pour jeter à nouveau leur filet ce malgré les peines et les vains efforts de la nuit. Voilà ce qui servira de toile de fond de notre retraite pour réfléchir sur l’identité du prêtre d’une part et d’autre part entrevoir une nouvelle approche d’une pastorale basée sur l’identité véritable du Christ.

Dans son introduction le curé de la paroisse saint Mathias, le père DOSSO, prédicateur, a invité, pour mieux saisir la quintessence spirituelle du thème de la retraite, à mieux connaitre  Jésus et apprendre à l’aimer,  à donner un fondement nouveau à la charité pour rebâtir les communautés chrétiennes et enfin à encourager les mouvements et les groupes à la mission ad gentes. C’est sur cette note que le prédicateur a laissé les séminaristes rentrer dans la profonde sérénité de la nuit après avoir dit les complies.

Le lendemain matin à 9heures, le sous thème ayant occupé l’écoute religieuse des séminaristes est :

 

I-                   L’identité du prêtre.

 En effet, selon le père DOSSO, la dynamique de l’identité du prêtre est à situer entre son « esse » et son « exister ». Il a aussi rappelé que le prêtre est avant tout un appelé et un envoyé ; à cet effet, il apparaît, selon le prédicateur que grâce au sacerdoce ministériel, Dieu continue à exercer au milieu de son peuple sa sollicitude  perpétuelle car le sacerdoce rend tangible l’activité propre du Christ et prouve que Dieu n’a pas abandonné son Eglise. Aussi celle-ci considère-t-elle le sacerdoce comme un don de Dieu fait aux fidèles.

Le prédicateur a montré que la racine de ce sacrement se trouve dans l’imposition des mains et la prière consécratoire prononcée par l’évêque. Ainsi, par ce fait, le prêtre devient lui-même sacrement de la présence du Christ. Il a également montré l’identité du prêtre à travers la dynamique trinitaire du salut où il a souligne que le prêtre se trouve comme inséré avec la responsabilité particulière dans « l’association trinitaire ». Son identité provient du mysterium verbum et sacramentorum qui est relation avec le mystère de l’amour salvifique du Père (cf. Jn 17,6-9), dans l’être sacerdotal du Christ  (cf. Mc3, 15) et avec le don de l’Esprit (cf. Jn20, 21) qui communique aux prêtres la force d’éduquer, de sanctifier, de gouverner. En un quatrième point, il décrit cette identité par la dimension christologique ; parce que le prêtre est choisi, consacré et envoyé pour rendre efficace la mission éternelle du Christ (Lc10,16). Il agit in persona christi in capitis. Cette identité s’étend aussi à la dimension pneumatologique, où grâce à l’ordination le Saint Esprit confère aux prêtres le devoir prophétique d’annoncer et d’expliquer avec autorité la Parole de Dieu. Elle s’exprime pareillement sous la dimension ecclésiologique. Envoyé par le Christ, le prêtre appartient de manière immédiate à l’Eglise universelle et a la lourde mission d’annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Le prêtre doit pouvoir découvrir également cette identité dans la communion sacerdotale qui est en réalité la pleine insertion dans l’ordre presbytéral. En définitive, d’après le père DOSSO, la vie du prêtre doit être une communion-relation.

En conséquence, pour que cette identité susdite soit expressive, le prédicateur a souligné l’exigence du respect de certains principes auxquels le prêtre doit s’en tenir : premièrement faire une place de choix à  la Parole de Dieu tout comme le requiert  Dei Verbum n°21. Le prêtre devra trouver dans la Parole de Dieu la force pour sa foi et la nourriture pour sa vie spirituelle. En effet, d’après le prédicateur, si tout le monde ne peut pas parler avec conviction de la foi, le prêtre, lui doit montrer plus que tout autre homme le signe d’une foi vécue. En cela, l’Eglise demande aux prêtres un contact permanant avec la Parole de Dieu par la lectio et la prière. En ce sens, la vie de prière du prêtre doit être avant tout participation à la foi et à la prière de la communauté : prières d’adoration, de louange, d’action de grâce, d’intercession, piété mariale, célébration de la liturgie des heures, oraison mentale. C’est grâce à une vie de prière que le prêtre saura accueillir la croix comme dimension nécessaire à l’identité sacerdotale 1Co2, 4-5. Aussi, à cause du progrès de la science théologique, la nécessité de rendre intelligible ou compréhensible le message évangélique aux hommes de notre temps et de notre culture, et la nécessité de comprendre la société dans ses changements, le prêtre ne doit pas négliger  la vie intellectuelle. Car, selon le père DOSSO, sans la science le prêtre serait comme une lampe éteinte.

La vie communautaire constitue également un autre principe. Elle est fondée sur l’unité du presbyterium qui favorise le travail en esprit  d’équipe et prône la vie de la première communauté chrétienne. Ceci exige l’échange mutuel des informations utiles, organiser et vérifier ensemble les organisations pastorales, pratiquer la communauté de biens. Le curé de saint Mathias a fait remarqué qu’il faut aussi souvent passer ensemble des temps de détente et de loisirs. Le sommet de cette vie communautaire serait de se prêter assistance et s’encourager dans les situations difficiles.

L’obéissance sacerdotale apparaît comme une disponibilité intérieure pour faire non sa volonté mais la volonté de celui qui a envoyé. Pour ce faire, il faudra : l’obéissance à l’hiérarchie, la fidélité au magistère, l’acceptation des charges confiées, l’observance des exigences et normes liées à la fonction.

Le prédicateur a aussi relevé la pauvreté comme étant une vertu qui aide mieux à ressembler au Christ, lui qui n’a pas souffert de se dessaisir de sa divinité pour s’humilier afin de racheter le genre humain. Elle est une donation totale de soi et de son avoir pour la cause du règne de Dieu. Cependant, il a rappelé que malgré la pauvreté, l’Eglise garantie au prêtre l’assurance maladie, l’assurance vieillesse.  Ce conseil évangélique de pauvreté se trouve cumulé dans la chasteté car le prêtre a tout sacrifié même son droit de se marier.

Au soir de la journée, le père DOSSO a fait le bilan de la journée en revenant sur le thème de notre retraite « duc in altum ». Ce qui nous a permis d’analyser l’identité du prêtre entre l’appel et la mission à laquelle Dieu envoie. En effet, Lc 5,4 est à comprendre à la fois dans le cadre strict de l’Eglise mais aussi en dehors de l’Eglise, vers les nations païennes.  E prédicateur a fait découvrir qu’ici la symbolique du « large » représente l’Eglise et le « filet », la Bonne Nouvelle. Par ailleurs, il a souligné que la mission à laquelle le Christ convie l’Eglise et ses pasteurs est d’aller évangéliser le monde et y faire des baptisés. Cette urgence de la mission est perçue par les papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI comme le moyen efficace de faire connaître Jésus et le faire aimer par les autres hommes. Pour terminer, le prédicateur en est venu à poser une série de questions qui résume ce qui a été dit : Comment encourager à l’évangélisation aujourd’hui, comment découvrir le Christ à travers le prêtre?  Tout cela exige une nouvelle pastorale théologique. C’est sur cette évocation que le prédicateur laisse les séminaristes entrer dans la profonde quiétude de la nébulosité.

Le lendemain, mardi 19juin, le sous-thème qui a meublé l’atmosphère méditative et recueillant des retraitants  est :

 

                                         II-   L’identité du Christ.

En effet la question essentielle qui ressort du thème « duc in altum »selon le père est, qui est le Christ pour nous ? Cette question est la fine fleur qui a aidé les retraitants à entrer de plein pied dans la quête de la connaissance du Christ comme unique médiateur d’une nouvelle alliance. Le père DOSSO a exhorté que rien ne doit occulter, même ne fut-ce notre faiblesse, notre effort d’annoncer et de polariser le regard sur le Christ. Ceci a exigé la nécessité de l’effort de l’homme pour annoncer l’évangile. D’après le prédicateur, c’est le pape Paul VI qui le premier dans evangelii nuntiandi a fait la caricature du Christ comme le premier évangélisateur (Lc 4,43); il est envoyé par le Père pour annoncer le règne de Dieu. A sa suite nous sommes aussi appelés à annoncer ce règne, ceci également au prix d’un effort crucifiant. Le curé de saint Mathias a fait remarquer que la raison pour laquelle le Christ est venu dans notre monde n’est pas plus à cause du péché qu’à cause de l’annonce du règne de Dieu ; annonce qui débouche nécessairement au salut du genre humain. Selon le père prédicateur, la Parole ne nous force pas à faire ce qui est bien mais nous dispose à faire le bien. Ainsi exhorte-t-il que chacun doit pouvoir conquérir par la croix l’esprit des béatitudes, ce qui exige un renversement intérieur, une métanoia (Mt 4,17).

Le prédicateur a aussi exposé la vision des deux derniers papes sur l’identité du Christ. Ainsi selon Jean-Paul II, dans la dynamique de la nouvelle évangélisation, Novo Millenio Innuente, invite tout chrétien dans sa quête du Christ à demeurer en lui par la vie de prière afin d’établir une relation intime avec lui. Les moments d’échecs apparents constituent un autre foyer de révélation du Christ. Aussi le chrétien ne doit pas se décourager devant les labeurs inutiles. L’important est de faire ce qu’il a à faire et bien le faire. C’est dans un tel moment que le prêtre doit ouvrir son cœur au flot de la grâce et de permettre à la Parole du rédempteur d’agir en lui dans toute sa force.

Quant à ce qui concerne Benoît XVI, selon le père DOSSO, le pape recommande une évangélisation par les actions comme le Maître. Il renchérit son propos en ces termes « si vous voulez proclamez Jésus Christ, apprenez à le connaître vraiment, à l’aimer et à vivre de lui ». Selon lui, c’est à dessein que Benoît XVI prône l’année 2012, année de la foi en demandant aux Africains un véritable engagement missionnaire pour une Afrique renouvelée. Il s’agit en clair, d’après le prédicateur de poser des actions de justice, de paix, de solidarité et d’amour qui sont les marques d’appartenance au Christ. C’est dans cette intuition que le prédicateur se demande comment le Christ se présente aux Africains. Ce qui va ouvrir  le champ à une théologie pastorale.

 

                                                     1-Théologie pastorale

Il est à relever dans les propos du prédicateur que selon le père BEDE, la théologie africaine connaît trois déplacements majeurs :

-combat pour la scientificité de la théologie

-débat sur la visée missiologique de la théologie

-nouvelle évangélisation en Afrique

Pour ce faire, il urge d’après le curé de saint Mathias, qu’une attention pastorale soit nourrie envers les religions traditionnelles. Car le Christ lui-même est allé en Galilée, sur le territoire syro-Phénicie etc…Il est temps de risquer d’aller dans les religions traditionnelles pour leur apporter le Christ. C’est sur cette insinuation que le père DOSSO dans l’après-midi a évoqué certains éléments de la religion traditionnelle. Ainsi affirme-t-il que l’Africain croit en une divinité, en des êtres supra-humains (esprits, génies ou ancêtres). Il a relevé sans faux fuyant qu’il y a des valeurs positives dans la religion traditionnelle. On remarque qu’il y a, selon le prédicateur, un fort sens du sacré (sacralisation de la terre, profond respect des étapes d’initiation etc….). Le prédicateur a aussi relevé les aspects négatifs, parmi ceux-ci une mauvaise conception de Dieu, tentative de matérialiser en amulettes ce qui sauve et protège. Mais malgré tout cela il faut reconnaître que l’influence des religions traditionnelles demeure importante surtout dans les périodes de crises. C’est à juste titre que le christianisme va côtoyer la religion traditionnelle sans l’éradiquer. Elle garde sa sève et sa verdeur à cause de sa culture. L’inculturation est un moyen d’approche de ladite religion. L’Eglise utilise l’inculturation comme intime transformation des valeurs culturelles pour leur intégration dans le christianisme.

Ceci va conduire la réflexion du père DOSSO à chercher l’engagement du prêtre dans l’Afrique d’aujourd’hui.

 

               2-L’engagement du prêtre dans l’Afrique d’aujourd’hui


        a-Au service de la réconciliation, de la justice et de la paix

En effet, tout comme le premier chapitre de Africae Munus,, il s’agit d’une exhortation à se laisser réconcilier avec Dieu qui passe par le service de la réconciliation, de la justice et de la paix. Selon le père, il faut retrouver dans l’Afrique d’aujourd’hui les vraies valeurs de la fraternité d’avant et comprendre davantage la notion de justice et de paix selon la religion traditionnelle. La justice selon nos traditions cadre avec l’idée d’équilibre naturelle qui appelle à la notion de paix. C’est en cela qu’un sacrifice est toujours à faire pour prohiber l’esprit de mal. Ce sacrifice trouve son essence dans l’Eucharistie.

 

                b- Place de l’Eucharistie dans le chemin de la justice et de la réconciliation

D’après le curé DOSSO, comme dans les rites traditionnels, les repas d’initiation sont un grand moyen de rassemblement des enfants dispersés. Aussi trouve-t-il que l’Eucharistie, loin d’être un sacrifice sanglant est un repas sacrificiel où la divinité réitère son amour incommensurable pour sa créature, gage de paix et d’amour ; quel bonheur pour le prêtre de participer chaque jour à cette rencontre amoureuse et dynamisant.

Le père prédicateur achève la retraite à midi en concluant que le prêtre est avant tout citoyen dans son pays. Il a un devoir de présence positive et dynamique dans à coopérer à la construction et à la vie bien ordonnée dans la vie terrestre selon l’esprit de l’évangile et conformément à la doctrine de l’Eglise. Il doit entraîner les fidèles à observer l’ordre social et les droits de l’Etat      ; Cependant il doit toujours agir en accord avec son évêque.

 

                                                                                              

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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 09:34

Le cœur sacré de Jésus (vendredi après le deuxième dimanche après Pentecôte).

Origine et évolution de la dévotion

Dans la piété des XIIè et XIIIè siècle  s’est développée la dévotion au cœur du Christ crucifié et tSt Jean Eudesranspercé par la lance. Parmi les dévotes du Cœur du Sauveur, se trouvent saint Bernard (+1153), saint Bonaventure (+1274), la mystique belge, sainte Lutgarde de Tongres (+ 1246), les saintes religieuses Mathilde de Magdebourg (+1299) et Gertrude d’Helfta ( +1302), toutes du monastère de Helfta en Allemagne, sainte Catherine de sienne (+1380). Déjà à la fin du XIIè siècle cette dévotion s’est organisée distinctement de celle de la passion (qui a conduit à la dévotion au saint sacrement). Ainsi au symbole du crucifix se substituera l’iconographie du Cœur détaché de la personne du Christ ou visible du côté ouvert. Plus tard, dans la seconde moitié du XVè siècle, la dévotion moderne vera le jour, celle des jésuite au XVIè siècle et celle des Oratoriens au XVIIè siècle. Ce sont ces derniers qui seront à proprement parlé les dévots du Cœur de Jésus et en favoriseront le culte. Saint Jean Eudes (1601-1680), fondateur (25 mars 1643) de la congrégation de Jésus et Marie (les pères eudistes), pur produit de l’Oratoire qu’il a quitté (1643), sera le premier à célébrer en 1672 en sa communauté et avec la permission de l’évêque de Rennes une fête en l’honneur du Cœur de Jésus. Ce sera la première fête liturgique en l’honneur du Cœur Jésus. Ce culte trouvera de nouvelles impulsions dans les apparitions de Paray-le-Monial entre 1673 et 1675 à Marguerite Marie Alacoque (22 juillet 1647- 17 octobre 1690) de l’ordre des sœurs visitandines. Il est utile de noter que chaque tentative faite pour l’introduction de la « nouvelle » dévotion dans la liturgie rencontrera dans le temps de grandes résistances surtout sur le plan théologique. Ces résistances perdureront dans les siècles à suivre.

La première reconnaissance officielle de la dévotion au Sacré Cœur  à Rome sera opérée par le pape Clément XIII qui concèdera en 1765 la fête du Cœur de Jésus aux évêques polonais et à l’archiconfraternité romaine du saint Cœur. Le Pape Pie IX introduira la fête du sacré Cœur en 1856 dans le calendrier de l’Eglise latine en la fixant au troisième vendredi après la Pentecôte. Le pape Léon XIII à travers le décret du 28 juin 1889 élèvera la fête au rite de « première classe » et dans l’encyclique  Annum sacrum du 25 mai 1899, ordonnera que le genre humain soit consacré au sacré Cœur de Jésus. Dans son encyclique Miserentissimus Redemptor du 8 mai 1928, le pape Pie XI quant à lui élèvera la fête au grade de « double de première classe avec octave » et ordonnera que l’on récite en cette fête dans toute l’Eglise l’acte de réparation au Cœur de Jésus. Le même souverain pontife  en outre par sa promulgation du formulaire Cogitationes (appelé ainsi à cause des premières paroles de l’antienne d’ouverture) donnera un contenu nouveau aux textes liturgiques de cette fête. Plusieurs formulaires de messe se seront succédé dans la brève histoire de la fête du sacré Cœur. Ceci démontre la fluctuation doctrinale qui accompagnera cette fête.

Le cœur du Christ

Dans les Ecritures

A la lumière de l’Ecriture, l’expression « Cœur de Jésus » Désignera le mystère même du Christ, la totalité de son être, la personne considérée dans son plus intime et essentiel noyau : Fils de Dieu, sagesse incréé, charité infinie, principe du salut et sanctification pour l’humanité entière. Le Cœur du Christ sera le Christ, Verbe incarné et sauveur intrinsèquement tendu, dans l’Esprit Saint, avec un amour humano-divin infini, vers le Père et vers les hommes ses frères[1].

Dans l’Euchologie[2]

L’euchologie mineure de l’actuel Missel reproduira en partie les textes du formulaire Cogitationes du pape Pie XI. Ce qui sera remarquable consistera en la présence d’une nouvelle collecte alternative et du texte de la prière après la communion refaite. Il y sera question de réparation et d’expiation des péchés, des concepts qui proviennent de l’ambiance de dévotion qui verra émerger cette solennité du Cœur de Jésus. La nouvelle collecte quant à elle indiquera comme objet de la célébration les grandes œuvres d’amour du Fils pour les humains. Le texte euchologique qui semble sans doute le plus valide sera la nouvelle préface qui se distingue par une particulière inspiration scripturaire et patristique. Il y sera question de la proclamation du mystère du salut considéré dans sa dimension christologique, ecclésiologique et sacramentelle : « dans son immense amour, quand il fut élevé sur la croix, il s’est offert lui-même pour nous ; de son côté transpercé, laissant jaillir le sang et l’eau, il fit naître les sacrements de l’Eglise, pour que tous les hommes, attirés vers son cœur viennent puiser la joie aux sources du salut[3] ».

Le thème prédominant des lectures dans le lectionnaire de la messe sera: l’amour révélé et donné en Jésus Christ. Le Cycle liturgique de l’année B dans laquelle nous sommes (Os 11,1.3-4.8-9 ; Eph 3,8-12.14-19 ; Jn 19, 31-37) le rappelleront particulièrement. Les lectures de l’année A (Dt 7, 6-11 ; 1Jn4, 7-16 ; Mt 11,25-30) évoqueront l’expérience de l’élection gratuite manifestée en Jésus Christ et dont Dieu sera l’origine. Quant aux textes de l’année C enfin (Ex 34,11-16 ; Rm 5,5-11 ; Lc 15,3-7), ils développeront le thème de la sollicitude miséricordieuse de Dieu qui culminera pleinement en Jésus Christ Bon Pasteur à la recherche de la brebis perdue.

En sommes nous retiendrons que les formes de dévotion au Cœur du Christ sont nombreuses. Certaines seront explicitement approuvées et recommandées par le saint siège à l’instar de la consécration au Cœur de Jésus, l’acte de réparation, les litanies du Cœur De Jésus et la pratique des neuf premiers vendredi du mois.

Bonne fête à tous et à chacun !!!!!!



[1] Directoire sur la piété populaire et liturgie, n°166.

[2] Selon le Dictionnaire Encyclopédique de la Liturgie (DEL) il s’agit d’un terme grec composé de euch : prière et logia : science. Dans un premier sens, l’Euchologie est la science qui étudie les prières, en particulier les prières liturgiques, et les lois qui régissent leur formulation. Dans un deuxième sens plus large, le mot désigne l’ensemble des prières contenues dans un formulaire ou un livre liturgique. Dans le cadre de notre étude, nous utilisons le deuxième sens du terme. (Cf. Saturnin Anani LAWSON, Carême, Paulines, note 8, p. 21.)

[3] Missel Romain, Préface en la fête du Sacré Cœur.

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